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cémentation, presque toutes les grosses forges, presque toute la carrosserie, tout l’entretien, les chaudières et machines à vapeur, sont à la journée ; la tréfilerie, à part les recuiseurs et décapeurs, les trempeurs et galvaniseurs, le tonnelier, les outilleurs, les magasiniers et manœuvres, donne le travail à la tâche ; à la tâche aussi, les laminoirs, l’étirage et le ressuage, à part les mêmes magasiniers et manœuvres, les mêmes casseurs, les rouleurs de houille, les tourneurs de cylindres ; à la tâche encore, toute la martellerie et la fabrique d’outils agricoles ; tout l’atelier des enclumes ; la fabrique de ressorts, l’atelier de montage et de finissage, mêlent en proportions à peu près égales la tâche et la journée.

Tout près de là, dans les ateliers analogues de l’usine A ou de l’usine C, il peut en être et l’on vient de voir qu’en effet il en est différemment : les arrangemens varient donc d’une usine à l’autre, et ce ne sont donc que des arrangemens qui ne naissent que des conventions des parties plutôt qu’ils ne dépendent des conditions mêmes de l’industrie et du travail métallurgiques.

A la tâche ou à la journée, une fois qu’il est établi, comment, à quel terme, en quel délai le salaire est-il payé ? L’usine C répond d’un mot : « La paie se fait par quinzaine. » A l’usine A, « deux paies par mois : le 1er du mois, paie d’acomptes sur le gain probable du mois précédent ; le 16, paie du solde du gain réel de ce même mois. » Comme explication : « Il faut environ une quinzaine pour relever les journées d’un mois, calculer les résultats du travail à la tâche, préparer enfin les feuilles de paie (c’est ce qui fait que le solde du gain ne peut être versé que le 16 du mois suivant). La valeur des acomptes remis le 1er est d’environ la moitié du gain probable. » L’usage, à l’usine B, est semblable : « En principe, la paie n’a lieu qu’une fois par mois, le samedi soir après le 7 du mois suivant. Pourtant, le deuxième samedi qui suit celui de la paie, soit quinze jours après, il est délivré des acomptes à tous les ouvriers qui en font la demande et jusqu’à concurrence de la moitié de leur gain présumé pour le mois courant. — Nos ouvriers, ajoute le directeur, profitent en grand nombre de cette disposition, ce qui, en pratique, se traduit par deux paies chaque mois dans nos usines. »

Un mois, ou même quinze jours seulement, l’attente est peut-être longue, pour un budget d’ouvrier, qui trop souvent