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à un jeu de mécanique. Travail toujours pénible, et si pénible en vérité qu’il est de plus en plus difficile de recruter des ouvriers qui consentent à s’en charger. Et, comme, d’un autre côté, les procédés nouveaux permettent de produire l’acier presque à aussi bon compte que le fer, il résulte de ces deux causes combinées que le puddlage et les puddleurs tendent à disparaître. Mais, tant que le puddlage subsiste et tant qu’il reste des puddleurs, on ne saurait nier que ce soit un ouvrage particulièrement dur, qui met les ouvriers particulièrement à l’épreuve, le plus dur assurément de toute la métallurgie et peut-être de toute l’industrie.

Le travail est très dur aussi pour les fondeurs et les aides-fondeurs, qui, au moment de la coulée du métal, exposés qu’ils sont à une température très élevée, doivent se livrer en même temps à une action rapide entraînant nécessairement une grande fatigue corporelle. par-là, il s’établit comme une gradation de la peine dans le travail métallurgique. Au fond, le troisième cercle où halettent et ahanent tous ceux sur qui pèse de tout son poids cette double condition : une action rapide à une température très haute. Tous ceux qui travaillent autour des foyers ardens le métal rouge, tous ceux qui font le gros œuvre de l’œuvre de métallurgie : fondeurs et aides-fondeurs des hauts fourneaux ; puddleurs et aides-puddleurs ; fondeurs et aides-fondeurs des aciéries ; lamineurs des tôleries ; forgerons et aides-forgerons, etc. Dans le deuxième cercle, intermédiaire, ceux qui, sans être contraints à une action rapide, et sans avoir à développer autant de force musculaire, sont cependant soumis à la température déprimante des ateliers à feu continu. Au sommet enfin, dans le troisième cercle, où la peine est la plus légère, les ajusteurs, les tourneurs, les raboteurs, etc., ceux qui achèvent à froid l’ouvrage que les autres ont ébauché à chaud.

Une hiérarchie de la peine étant établie de la sorte, du plus dur au moins dur, entre les divers travaux pour les diverses catégories ou spécialités d’ouvriers de la métallurgie, quelle place occupe, à ce même point de vue et dans cette même hiérarchie de la peine, entre les diverses branches de la grande industrie, la métallurgie considérée en son ensemble ? Si l’on admet que ce travail est « particulièrement dur » qui use les hommes particulièrement vite, et si l’on tient pour certaine la proportion donnée au tome IV des Résultats statistiques du