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qui pourrait avoir un certain intérêt d’actualité. J’ai gardé pour moi mes renseignemens, et je me suis mis à l’œuvre. J’achève en ce moment les Zouaves, et je vous en ferai parvenir le manuscrit dans les premiers jours de la semaine prochaine, si, toutefois, j’en suis suffisamment satisfait. Serait-il possible, de faire insérer cette esquisse dans la Revue des Deux Mondes, avec tel préambule que l’on voudra, et sous la signature V. De Mars ou toute autre ? V. De Mars a pour lui le précédent de l’Escadre de la Méditerranée, et un autre plus récent, meilleur encore, qui, je crois, vous touche d’assez près. Mais je ne tiens pas au nom. Je n’ai pu terminer que les Zouaves ; je vous les ferai parvenir dans les premiers jours de la semaine prochaine, et, si vous pouvez les faire insérer dans la Revue du 15, ce sera pour le mieux ; nous n’avons pas de temps à perdre pour cela. De mon côté, je vais me mettre aux Chasseurs. Si les Zouaves ont paru le 15, on verra si les Chasseurs peuvent les suivre le 31 ; si on trouve préférable, et pour bonnes raisons, que les Zouaves attendent leurs rivaux de gloire, tous deux paraîtront ensemble le 31. Si enfin les colonnes de la Revue des Deux Mondes doivent rester fermées aux uns et aux autres, ils retourneront dans mon portefeuille. Je vous confie cette affaire, qui a bien son importance pour moi. Secret et promptitude. Serait-il possible d’avoir un tirage à part, à cent ou cent-cinquante exemplaires ? On ne nommerait pas l’auteur, car je ne crois pas qu’il jouisse de la bienveillance du gouvernement : les éloges donnés à quelques-unes de ses mesures, à quelques-uns de ses hommes, seront un passeport à peine suffisant pour des éloges donnés à des institutions militaires qui n’émanent pas de lui, à des troupes qui ne sont pas son œuvre, à des noms qu’il voudrait ensevelir dans un éternel oubli. Mais je me lance là dans une digression au moins inutile ; je crois qu’il n’y a aucun esprit de parti dans les Zouaves ; je tâcherai de faire en sorte qu’il n’y en ait pas dans les Chasseurs. Cette seconde partie sera peut-être un peu plus didactique et moins anecdotique ; quand vous l’aurez reçue, vous me direz bien franchement si elle vaut la peine d’être publiée.

Tous les épisodes des Zouaves, sauf celui de la casquette, se sont passés sous mes yeux : la campagne dans les neiges du Jurjura s’est faite sous mes ordres ; la longue marche dans le désert s’est terminée par la prise de la Smalah, et c’est en revenant de