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(art. 4). » L’indemnité de guerre, fixée à 150 millions, était diminuée par des imputations considérables. Le traité constatait (art. 12) que, dès le 29 juillet, l’empereur des Français avait fait déclarer officiellement « qu’en ce qui concerne le gouvernement de l’Empereur, la Vénétie est acquise à l’Italie pour lui être remise à la paix ; » que l’empereur d’Autriche accédait également, pour sa part, à cette déclaration et donnait son consentement à la réunion du royaume lombardo-vénitien au royaume d’Italie, sans autre condition onéreuse que la liquidation des dettes afférentes aux territoires cédés conformément au précédent du traité de Zurich. Sa Majesté l’empereur d’Autriche transférait à Sa Majesté le roi de Prusse tous les droits que la paix de Vienne du 30 octobre 1864 lui avait reconnus sur le Sleswig-Holstein, « avec cette réserve que les populations des districts du nord du Sleswig seront de nouveau réunies au Danemark, si elles en expriment le désir par un vote librement émis. »

L’Autriche ne subissait aucune diminution de son territoire allemand. Le respect de cette intégrité avait été la condition absolue de la médiation de Napoléon III. « Il eût bien mieux fait, disait Bismarck, dans l’intérêt de son pays et en vue des éventualités de l’avenir, au lieu de sauvegarder la puissance vaincue, de créer entre elle et son vainqueur une haine inextinguible. »

Aussi longtemps qu’il espéra quelque compensation en Allemagne, l’Empereur différa de s’expliquer en France. La négociation belge ayant été renvoyée à une époque indéterminée, il tenta d’arrêter le courant de critique auquel s’abandonnait de plus en plus l’opinion française. — Le marquis de Moustier, ambassadeur à Constantinople, avait été nommé à la place de Drouyn de Lhuys, et, en attendant son arrivée, l’intérim avait été confié à La Valette. L’Empereur écrivit une circulaire que le ministre signa comme intérimaire aux Affaires étrangères (le 16 septembre 1866).

Cette circulaire contient des parties excellentes. Le tableau de l’effacement où nous avaient réduits les arrangemens de 1815 est un beau morceau historique de toute vérité. Les garanties que nous laissait la nouvelle organisation de l’Europe ne sont pas moins bien exposées : l’alliance possible de l’Autriche, jusque-là fatalement ennemie ; celle de l’Italie qui ne nous eût jamais fuit défaut tant qu’un Napoléon eût régné en France ;