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de votre souvenir. Vous savez que Gachon a débuté dans la critique par un article dans la Revue de Paris. C’est spirituel et sensé.

Le général Bedeau a dîné hier aux Tuileries ; il ne tarit pas sur votre compte. Aussi a-t-on grand plaisir à l’écouter.


Marseille, dimanche 8 août 1841.

Bonjour, mon cher Prince ; j’espère que vous vous portez bien, que vous avez un bon gîte, que vous n’avez pas trop souffert de la chaleur, et que vous avez trouvé partout un écho des applaudissemens de Marseille[1]. J’ai vu hier Méry, qui n’en revient pas que vous lui ayez si nettement parlé de Montluc et du Connétable ; vous avez eu auprès de lui un succès d’esprit ; rappelez-vous que, lorsqu’on montre son esprit aux gens de lettres, c’est comme si on confessait le leur, et ils vous en savent un gré infini. J’ai visité hier la Bibliothèque, qui est fort belle, et le Musée, qui est pauvre. J’ai dîné avec Saint-Jean à l’hôtel, et je suis allé voir ensuite un mélodrame qui a grand succès à Paris, et qui est très bien joué ici : la Grâce de Dieu. Cela m’a fort ennuyé. Cependant les femmes, et surtout celles qui sont sensibles par état, pleuraient à chaudes larmes. Demain je pars pour Avignon ; j’imagine que c’est là que le Duc de Montpensier vous aura rejoint, s’il doit vous rejoindre, comme la Reine vous la sans doute écrit.


Paris, dimanche 5 septembre 1841.

Mon cher Prince,

M. le Duc d’Orléans m’a chargé de vous envoyer le programme de votre entrée dans Paris ; en voici les principales dispositions : à Port-à-l’Anglais, à une petite demi-lieue de Paris, vous passez le pont de la Seine, et ensuite celui de la Marne, à Charenton ; vous descendez le faubourg Saint-Antoine, vous suivez toute la ligne des boulevards et vous arrivez par la rue de la Paix et le rue de Rivoli dans la cour des Tuileries, où Sa Majesté vous passe en revue. Ensuite, vous vous dirigez sur Courbevoie ; mais, à la hauteur de Neuilly, votre régiment est invité à se rafraîchir, et vous entrez dans le grand parc où un banquet de quatre mille couverts vous attend. Le Roi, la Reine, et la famille royale

  1. M. le Duc d’Aumale, rentre en France, ramenait à Paris le 17e régiment d’infanterie légère.