Parmi les amiraux qui, au cours du grand règne, se distinguèrent à la tête de nos escadres, le maréchal de Château-Renault apparaît, après Du Quesne et Tourville, comme l’un des premiers. Il fut, dit Saint-Simon, « un très grand et heureux homme de mer, où il avait eu de belles actions que le malheur même de Vigo ne put ternir. »
En étudiant, pour conter la vie de cet illustre marin, sa campagne dans la mer des Antilles, j’ai été amené à rechercher quelles causes le déterminèrent à convoyer de la Vera-Cruz en Europe les galions, lamentablement célèbres, de 1702 ; à constater quelles difficultés le contraignirent à les conduire dans un port où ils n’étaient pas attendus ; enfin, à pouvoir établir que la responsabilité du désastre de Vigo, dont le souvenir demeure injustement rivé à sa mémoire, ne doit pas être imputée au maréchal de Château-Renault.
C’est le récit de sa navigation, fort habilement menée et pourtant marquée d’une fin si tragique, que j’apporte aux lecteurs de la Revue.
Le 1er novembre 1700, Charles II d’Espagne mourait, âgé seulement de trente-neuf ans, laissant sa couronne à Philippe de