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lui-même ne soit rien moins qu’athée[1]. » Opposé aux idées High church, qu’il trouvait « antilibérales, » il ne manquait pas cependant une occasion d’exprimer sa profonde admiration pour Newman[2]. En somme, plus encore que Maurice, il répugnait à se laisser classer dans aucun parti ; il aimait à dire qu’il cherchait la vérité dans les écoles les plus diverses, prenant le bien partout où il le trouvait. « Cependant, ajoutait-il, ce que je suis principalement est, sans aucun doute, ce que m’ont fait Rugby et Arnold. En d’autres termes, j’ai peut-être plus de points communs avec le parti libéral qu’avec les autres[3]. »

Plus tard, quand l’évêque d’Ely lui demandera d’être son examining chaplain, il se dérobera, par scrupule de n’être pas, sur tous les points, en harmonie avec les idées régnantes dans l’Eglise. Parlant, à cette occasion, de l’influence exercée sur lui par les livres de Maurice : « Je leur dois par-dessus tout, écrivait-il, d’être fermement et pleinement attaché à la foi chrétienne ; mais ils m’ont amené à douter que cette foi fût exactement et purement représentée par les doctrines acceptées d’aucune école vivante. » Comme Maurice, il était surtout préoccupé d’élargir suffisamment le Credo de l’Eglise pour pouvoir y conserver les hommes dont il constatait les opinions contraires. Consulté par une dame que les divergences de doctrine admises par l’Eglise d’Angleterre portaient à se faire catholique, Hort ne niait pas ces divergences ; mais il n’estimait pas qu’on dût en être troublé. « L’existence de ces divergences peut être ou non un mal, disait-il ; mais ce n’est pas la question : du moment qu’elles existent, l’unité ne pourrait être obtenue que par l’exclusion de ceux qui ne professeraient pas un certain Credo. Il faudrait de bien sérieuses preuves de la nécessité divine de cette exclusion, pour passer par-dessus le mal qui en résulterait. »

On peut encore distinguer, parmi les broad churchmen du temps, Frederick William Robertson, dont la prédication chaude, enthousiaste, pathétique, parfois éloquente, faisait contraste avec le ton habituel de la chaire anglicane[4]. Ses amis le comparaient à Newman : c’était lui faire grand honneur ; il était loin d’avoir sa maîtrise littéraire. Né en 1816, il se montra d’abord un

  1. Life and letters of Hort, t. I, p. 315.
  2. Ibid., t. 1, p. 229, 231, 277, t. II, p. 423, p. 460 et suivantes.
  3. Ibid., t. II, p. 63, p. 155.
  4. Cf. Life and Letters of Fr. W. Robertson, par Stopford A. Brooke, 2 vol.