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conquête, a été divisée en trois commandemens militaires : celui d’Alger datant de 1830 ; celui d’Oran du moment où l’occupation de cette place et de ses environs fut devenue définitive, enfin celui de Constantine, de 1837. Bien que placés sous les ordres du gouverneur général, ces trois chefs n’en conservaient pas moins une assez large indépendance, ce qui a donné naissance à des méthodes administratives diverses, aujourd’hui encore en vigueur dans les trois départemens. Sous l’Empire, lorsque la colonisation commença à se développer, on se décida à créer le territoire civil, à la tête duquel était placé dans chaque province un préfet auquel furent adjoints quelques sous-préfets. Ce personnel, souvent inoccupé, était plus que suffisant pour administrer 200 ou 250 000 habitans par province. Il ne l’est plus aujourd’hui, où ce ne sont pas seulement quelques rares centres que dirige l’administration préfectorale, mais bien le pays presque tout entier. Les départemens actuels, beaucoup trop étendus, sont des expressions géographiques ou historiques ; ce ne sont point des circonscriptions déterminées par la nature ou par l’intérêt des populations.

La configuration du pays oblige les tribus du Sud à venir se ravitailler périodiquement dans le Tell, et à y amener leurs troupeaux pendant la période estivale : elles y échangent leurs produits contre ceux de la région, ou contre des denrées coloniales ou des objets européens. Les migrations des tribus indiquent d’une manière très précise la marche suivie par les courans commerciaux, qui tous viennent aboutir à la mer : il y a donc en Algérie des intérêts communs entre les populations situées sous les mêmes méridiens, tandis que ceux des habitans des mêmes parallèles peuvent se trouver en opposition évidente. Si l’on jette les yeux sur une carte, on voit que le département de Constantine possède trois voies naturelles de pénétration partant du littoral : la vallée de la Seybouse qui avec ses affluens embrasse les arrondissemens de Bône, de Guelma, et une partie de celui de Constantine ; les vallées du Rhumel et du Saf-Saf comprenant les arrondissemens de Constantine, de Philippeville et la majeure partie de ceux de Batna et Sétif : enfin la vallée de l’oued-Sahel, qui est partagée entre les arrondissemens de Bougie et de Sétif. Chacun de ces débouchés correspond à un port desservi par une voie ferrée de pénétration : Böne, Philippeville et Bougie.

Dans le département d’Alger, il en est de même pour toute