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organisation simple, l’administration n’eut d’autre pensée que d’introduire nos méthodes vieillies dans un pays nouveau ; un service du cadastre fut constitué, qui opéra dans un certain nombre de localités destinées à devenir des centres de colonisation. Dès ce moment apparaît une première faute qui consista à ne point relier ces opérations avec les levés trigonométriques de l’état-major d’une part, de l’autre avec les délimitations nécessitées par l’application du sénatus-consulte de 1863. En 1873, lorsque la délimitation de la propriété individuelle indigène fut décidée, le nouveau service fonctionna parallèlement aux trois autres, jusqu’à ce qu’on se décidât à suspendre la confection du cadastre. Aujourd’hui on possède à la fois les levés de l’état-major, les délimitations entreprises à la suite des actes législatifs de 1863 et de 1873, enfin le cadastre assez insuffisant interrompu depuis plus de vingt ans, et aucun de ces documens, faute de coordination, ne peut servir à un travail d’ensemble. Cependant, s’il était absurde de vouloir entreprendre un cadastre parcellaire dont l’exécution eût été très longue et très onéreuse, rien n’était si simple que de diriger les opérations de constatation de la propriété indigène de manière à permettre d’établir un cadastre par masses de cultures, très suffisant pour un pays neuf, et sur lequel se fondent la plupart des projets d’impôt foncier élaborés jusqu’ici. Ainsi plus de trente ans d’efforts, et un nombre respectable de millions ont été dépensés en pure perte.

L’absence de tout impôt sur les successions amènera vraisemblablement les pouvoirs publics à taxer cette catégorie de ressources, car les besoins de la colonie vont sans cesse grandissant. Il faut espérer que l’on ne commettra pas l’insigne maladresse d’appliquer en Afrique nos principes législatifs et qu’on y adoptera un régime plus rationnel et plus conforme aux intérêts du pays.

Si le dessein que nous poursuivons n’était de limiter cette étude à des idées générales sur les différentes questions qui intéressent l’Algérie, combien n’aurions-nous pas à signaler d’utiles réformes et de simplifications de détail dans l’établissement et la répartition d’autres impôts perçus, soit au profit de la colonie, comme la contribution des propriétés non bâties, soit au profit des communes, comme l’octroi de mer, la taxe des loyers, les prestations, etc. ; ce sera là un ample sujet d’études pour la direction des affaires financières qui vient d’être créée au gouvernement général de l’Algérie.