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énigmes de l’origine de l’homme, de sa destinée future, de la loi de sa conduite, la philosophie et la religion donnent des solutions. On a reproché à la science de n’en pas fournir et de discréditer pourtant, par une critique purement négative, celles au moyen desquelles la philosophie ou la religion consolent notre existence. — C’est à ces reproches que prétend répondre M. Metchnikoff. Si, à la vérité, la science proprement dite n’aborde pas ces sujets, qui sont hors de sa prise directe, elle fournit cependant, selon notre auteur, les moyens les plus sûrs de les atteindre et de les éclairer. Elle aussi, elle apporte ses solutions ; et M. Metchnikoff les déclare singulièrement encourageantes et réconfortantes. Les vues qu’il présente sur la nature humaine, il les qualifie d’ « essai de philosophie optimiste. » Sont-elles vraiment aussi optimistes qu’il le croit ? C’est ce qu’il faudra voir.

Les douleurs de l’existence humaine tiennent à quatre causes : l’imperfection physique ou désharmonie de nature, la maladie, la vieillesse et la mort, ou plutôt à trois, car l’auteur va nous montrer que ce que nous appelons la vieillesse est une simple maladie. Tels sont les termes du problème qu’il faut approfondir. — Il faut montrer d’abord que ce sont là nos véritables maux, nos seuls maux, la source de toutes nos douleurs. La science doit ensuite les examiner un à un avec le sérieux, l’esprit de minutie et de méthode qui lui sont propres. Il faut enfin établir qu’elle est capable d’y porter remède. — Voilà la thèse. On va en suivre les développemens point par point.


II

M. Brunetière écrivait ici même, il y a huit ans, ces mots : « La science a promis, depuis quelque cent ans, de renouveler la face du monde, de supprimer le mystère : elle ne l’a pas fait… La science est impuissante à résoudre les questions essentielles, celles qui touchent à l’origine de l’homme, à la loi de sa conduite, à sa destinée future. » M. Metchnikoff relève le gant avec hardiesse et franchise, dédaigneux des équivoques. On avait répondu à M. Brunetière : « Où prenez-vous que la science ait fait ces éblouissantes promesses ? qu’elle ait souscrit l’engagement de résoudre les grands problèmes du but de la vie humaine et des fondemens de la morale ? Elle n’a rien promis de