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envisagent dès aujourd’hui comme le remède définitif au désordre actuel. En dehors de ce cas à peu près unique, le nombre des pays qui adoptent l’étalon d’or ou en préparent l’avènement par la restriction de la frappe de l’argent augmente tous les jours.


III

Ainsi l’argent se voit peu à peu destitué, dans les communautés humaines, de sa fonction de métal libératoire : cette déchéance, jointe à la constante augmentation de la production, a amené une baisse ininterrompue, laquelle à son tour a précipité le mouvement et poussé les gouvernemens vers les solutions radicales. Le problème qui se pose n’est plus celui qui a été, à diverses reprises, l’objet de controverses ardentes et passionnées, tantôt à l’intérieur de grands pays comme la France, l’Allemagne et surtout les États-Unis d’Amérique, tantôt aux conférences monétaires internationales, qu’à plusieurs reprises les partisans du bimétallisme ont réussi à faire réunir, sans qu’il en soit jamais rien sorti, ni un projet tant soit peu pratique, ni la plus insignifiante mesure législative, ni la moindre entente internationale. Nous ne saurions le proclamer assez haut : le triomphe est complet de ceux qui n’ont cessé de répéter que l’univers civilisé marchait à l’unité monétaire ; que, la grande majorité des peuples ayant fait son choix entre les deux métaux précieux, For seul serait maintenu dans les fonctions de monnaie libératoire, d’étalon commun des valeurs et des prix. En un quart de siècle, en moins d’une génération, tous les sophismes des partisans du double étalon, du maintien légal, entre l’or et l’argent, d’un rapport entièrement différent de leur rapport commercial, ont été balayés. Les faits accumulés démontrent victorieusement que les prix des marchandises varient par des causes tout autres que la quantité de monnaies circulant, que la liberté ou l’interdiction de la frappe de l’argent. Nous en avons fini avec ces vaines et interminables discussions : un grand silence s’est fait du côté des argentistes.

Le coup décisif leur a été porté par les mesures prises aux États-Unis, pays dont nous rappelions tout à l’heure l’importance économique et qui, par sa position prépondérante, entraîne après lui les principales nations du globe. Personne ne recommande plus le retour au célèbre quinze et demi, dont feu