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d’instituteurs, des bourses qui lui permettent d’envoyer ses meilleurs élèves à Oxford, à Londres, à Berlin, à Montréal. Il peut construire une université, des écoles d’ingénieurs, des facultés médicales, des laboratoires de biologie, attirer les élèves de Harvard et de Berlin sur les bords de la Mersey ; cela grâce à la nouvelle autorité établie par le Bill. Le Parlement paiera les trois quarts des frais.

Aux yeux de M. Sidney Webb, la loi scolaire de 1902 n’est pas moins importante que celle de 1870. Jamais rien d’aussi hardi n’avait été tenté. Les destinées de la nation sont désormais dans les mains de ses représentans locaux élus. En supprimant les Schools Boards on a simplifié le gouvernement local, écarté les causes de conflit entre autorités rivales.

Peu importe après cela que l’on donne l’enfant à une mère plutôt qu’à l’autre. La vraie mère se révèle : comme dans le jugement de Salomon, c’est celle qui ne veut pas que l’enfant soit coupé en deux.

— La loi aurait ainsi un effet tout opposé, selon les milieux ruraux ou urbains. On imagine tout le parti qu’en pourrait tirer le County Gouncil de Londres, où règnent en partie l’influence de M. Sidney Webb et celle du Trade Unionisme contre lequel le parti conservateur mène une campagne si énergique et si persévérante. Les dispositions de l’Education Act ne sont pas applicables à Londres, où, sans parler des écoles libres, les Board Schools dirigent l’éducation de 530 000 enfans. Londres a une population égale à celle de l’Ecosse ou de l’Irlande, ou de l’Australie : Londres est le cœur de l’Empire. Les éducationnistes veulent qu’on y élève une Université démocratique gigantesque, ouverte à tous. Or on a prêté au gouvernement l’intention de faire exception à la loi générale, en substituant au Conseil de comté les conseils des bourgs métropolitains, où, sur 28 conseils, 6 seulement ont une majorité progressive, conseils qui disposeraient d’un budget énorme. Ce projet soulève une vive opposition. Le règlement londonien sera discuté dans la présente session, et le gouvernement trouvera sans doute un moyen terme.

Si maintenant nous comparons la législation anglaise à la nôtre, nous constatons qu’en Angleterre, dans cette œuvre nationale, la loi fait appel à la collaboration des parens, des Eglises, des conseils municipaux, des conseils de comté et du gouvernement central, tandis qu’en France c’est l’Etat qui met de plus