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il advient au contact d’une étincelle, — de rallumer l’ancienne vie religieuse éteinte chez des réformés que la Réforme avait perdus de vue.

Ainsi s’explique, peut-être, l’initiative singulière que prit au début de 1900, en faveur de la construction d’une église protestante à Mürzzuschlag, M. Pierre Rosegger, l’original écrivain dont M. Seillière a récemment entretenu les lecteurs de la Revue. Cet Allemand, catholique d’origine, se sentit une immense pitié pour les familles allemandes qui, dispersées dans la haute vallée de la Mur, vivaient sans Christ faute de pasteurs ; et il lança dans toute l’Allemagne un appel pressant pour que l’Allemagne édifiât à Mürzzuschlag une église. Cet appel, qui parlait de paix religieuse et d’harmonie des confessions, — termes peu familiers à la Ligue évangélique, — fit surgir sur la petite colline de Mürzzuschlag, au centre d’un superbe amphithéâtre de montagnes, un édifice allègre, élancé, qui dans cette région purement allemande ne défie ni Tchèques, ni Slovènes ; et l’on veut espérer que cette église, bâtie en terre pacifique à la suite d’un rêve de poète, demeurera pacifique elle-même.

Les communautés de Bohême, depuis un an, ont plus d’une fois envié Mürzzuschlag. Elles n’étaient pas nées, elles, sous les auspices d’un poète, mais d’un couple d’hommes politiques, et ce couple était à tout jamais séparé ; et M. Schœnerer était plus acharné qu’aucun autre à proclamer l’infamie de son coreligionnaire en pangermanisme, de son coreligionnaire en luthéranisme, M. Karl Wolf. S’étant inféodés à un parti, les propagandistes du Los von Rom devaient en partager les disgrâces, et se laisser éclabousser de certaines hontes. La mauvaise fortune semble avoir commencé pour eux. La pression qu’ils exercèrent à la fin de 1901 sur le synode général évangélique n’obtint de ce synode qu’une décision assez confuse, qui ne les justifiait point ; les « libéraux n’allemands de Bohême, en certaines élections, ont pour la première fois confondu leurs votes avec ceux des catholiques pour en finir avec ce « sport radical » (le mot m’était dit par l’un d’entre eux) qui s’appelle le Los von Rom ; malgré l’émoi provoqué parmi les Allemands d’Autriche, au printemps de 1902, par le nouveau vote du Parlement relatif à Cilli, les statistiques prouvent que le mouvement évangélique s’est notablement ralenti ; la revue Die Wartburg, récemment fondée à Munich pour