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quelques phrases de cette conversation dans laquelle Alexandre Farnèse évoquait, sous la voûte que Michel-Ange avait couverte de ses géans, les morts qu’il avait connus pour la plupart pleins de santé et de gloire, alors qu’il était l’élève de l’humaniste Pomponio Leto ! Malheureusement les paroles de Paul III ne sont parvenues que plus de trente ans après la mort du pape au curieux qui les a rapportées.

Pour les figures des contemporains de Sixte IV conservées dans la chapelle Sixtine, il n’existe aucun répertoire analogue à celui que Luca Landucci a composé pour les portraits réunis dans le chœur de Santa Maria Novella, et qui permet de désigner un par un, dans le nombre des personnages peints par Ghirlandajo, les Médicis, les Tornabuoni et leurs plus illustres familiers.

Dans les fresques de la Sixtine, les seuls portraits sous lesquels il soit possible de mettre un nom sont ceux des personnages dont il s’est conservé, en dehors de la Sixtine, des effigies authentiques, ou qui se trouvent caractérisés par un signe ou un attribut.

Parmi les hommes qui ont été placés auprès de Moïse et du Christ par les peintres florentins et ombriens, il est naturel de chercher d’abord ces peintres eux-mêmes. Les artistes du XVe siècle s’amusaient volontiers à emprisonner leur propre image dans ces miroirs de la vie contemporaine qui étaient leurs fresques et leurs panneaux. A la fin de la chevauchée des Médicis, représentés dans la chapelle de leur palais de Florence comme les rois d’Orient en marche vers Bethléem, un cavalier à la figure naïve et bonne s’est désigné par cette signature écrite en capitales sur son bonnet : Opus Benotii. Ce cavalier est l’élève de Fra Angelico, Benozzo Gozzoli.

Ghirlandajo a peint son portrait de trois quarts dans les deux églises florentines de Santa Trinità et de Santa Maria Novella : au milieu de la foule qui encombre la fresque de la Vocation des Apôtres, aucun visage ne reproduit les traits du peintre florentin. Peut être Ghirlandajo avait-il placé sa propre image dans une autre fresque de la Sixtine, l’Ascension du Christ, qui a péri dès le commencement du XVe siècle.

Divers portraits de peintres se laissent reconnaître dans les fresques conservées. Cosimo Rosselli se montre vêtu de noir, parmi les auditeurs du Sermon sur la montagne, tel qu’il s’est représenté à Florence, dans l’église de Sant’Ambrogio. La figure