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les contestations de la nature de celle dont il s’agit. On l’accuse, ou plutôt on la soupçonne de lenteur ; mais on vient de voir que la diplomatie est tout aussi lente, et elle a par surcroît l’inconvénient d’aigrir terriblement les esprits et de faire naître entre des nations, qui hier encore étaient amies, des germes de division et même de haine. L’état de l’opinion, aux États-Unis contre l’Allemagne et l’Angleterre, en Angleterre contre l’Allemagne, en Allemagne contre tout le monde, est arrivé à une exaspération sans précédens. Telle est l’œuvre de la diplomatie, et le point de départ en est en somme des créances peu importantes. À un moment, tout le monde a dit de guerre lasse : Allons à La Haye ! Et nous souhaitons qu’on y aille, sans être encore bien sûrs qu’on s’y résigne La question à soumettre à la Cour arbitrale serait de savoir si les créances des alliés ont droit, sous une forme quelconque, à une situation qu’on appelait hier privilégiée, et que, plus modestement, on appelle aujourd’hui distincte Nous avouons ne pas discerner l’origine de ce droit. Viendrait-il du danger auquel les alliés se sont exposés ? Ils ont couru un grand danger nous l’avouons, mais ce n’est pas de la part du Venezuela. Si leur action commune continuait quelque temps de plus, ils finiraient par tirer les uns sur les autres. Et qui sait si ce n’est pas seulement partie remise ?

Francis Charmes.
Le Directeur Gérant,
F. Brunetière.