Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il restait donc à la disposition du général en chef 140 escadrons avec 94 pièces de canon.

De son côté, la Prusse disposait de 194 escadrons, dont 88 de cavalerie divisionnaire, ce qui laissait libre 106 escadrons et 46 pièces. La supériorité autrichienne comme cavalerie disponible pour une action à grande envergure, était donc de 34 escadrons et de 48 pièces. Il convient toutefois de remarquer que du côté autrichien, sur 140 escadrons, 78 de lanciers et cuirassiers ne sont pas pourvus de carabines.

Les événemens vont montrer la gravité de cette erreur.

Au début des hostilités, le grand état-major prussien pensait que l’armée autrichienne se réunirait à celle de la Saxe et se concentrerait à Dresde, pour de là menacer le cœur de la Prusse. En conséquence, les troupes destinées à opérer contre l’Autriche furent réparties en trois armées qui, à la date du 15 juin, jour de la déclaration des hostilités, étaient ainsi disposées : l’armée de l’Elbe, sous le général Herwarth de Bittenfeld, autour de Torgau ; la première armée, sous le prince Frédéric-Charles, vers Gorlitz, pour couvrir Berlin ; la deuxième armée, sous le prince royal, près de Neisse, pour couvrir la Silésie.

Le front total de ce déploiement atteignait 300 kilomètres. La première et la deuxième armée étaient séparées par un intervalle de 180 kilomètres. Entre leurs lignes de marche, vers la Bohème, se trouvait le massif du Riesen-Gebirge, dépourvu de voies de communication praticables aux armées

Le 16 juin, la Saxe est envahie par l’armée de l’Elbe ; l’armée saxonne se retire devant elle pour gagner la Bohème et se réunir aux corps avancés autrichiens. En même temps qu’il constatait la retraite de l’armée saxonne, le grand état-major prussien recevait le 19 juin par son service de renseignemens tous les détails concernant les cantonnemens et les mouvemens de l’armée autrichienne. En conséquence il se décidait à opérer en Bohème et à fixer à Gitschin la concentration des trois armées prussiennes.

Dès le 10 juin, l’armée autrichienne était établie entre Brunn et Olmütz et occupait une zone de cantonnement de 80 kilomètres de profondeur. Le 12, elle commençait à resserrer ses cantonnemens, et le 17 elle se mettait en mouvement ; mais le défaut d’organisation entraînait des lenteurs ; le Feldzeugmeister Benedeck, mal renseigné sur les positions et les mouvemens des