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courroies de machines ; 500 au moins travaillent aux horloges dans le gouvernement de Kostroma. D’autres produits encore du travail d’hiver dans les campagnes sont les instrumens de musique, qui accompagnent leur danses : guitares et violons dans le département de Moscou, accordéons dans le gouvernement de Kostroma, flûtes, cithares et citres, dans le gouvernement de Kalouga. On paye les cithares de trois jusqu’à 50 roubles, les flûtes de 15 à 40 roubles chez les marchands de Moscou et de Pétersbourg. Les paysans du village de Volozoff fabriquent des instrumens de physique ; on voit jusqu’à quel degré peuvent être poussées de certaines connaissances techniques chez ces prétendus sauvages.

Arrêtons-nous. J’ai, dans une énumération trop longue et bien incomplète cependant, lassé la patience de mes lecteurs. Il faudrait pouvoir leur montrer ces industries presque innombrables, comme elles me sont apparues à Moscou dans l’immense Musée ethnographique de Dachkov, l’un des plus riches qui soient au monde. Là tous les produits industriels et agricoles des diverses parties de la Russie sont exposés à côté de figures qui représentent avec art les types et les costumes nationaux, hommes ou femmes engagés dans les occupations familières aux habitans de chaque province, pittoresquement groupés auprès de leurs demeures respectives, chaumière ou isba, yourte, hutte en pain de sucre, etc. Quelquefois c’est un intérieur dont les meubles, les ustensiles ont été rendus avec exactitude. Ils sont tous là, depuis le Petit-Russien au teint brun, aux sourcils spirituellement arqués, le bonnet de peau de mouton sur l’oreille, bien pris dans la svietka qui forme de gros plis autour de sa taille, jusqu’au pâle Finnois au visage plat, aux pommettes saillantes ; depuis la Grande-Russienne robuste, en sarafane attaché sous les bras, le kakochnik au front, tel un diadème, des bandes d’étoffe entre-croisées au lieu de bas sous ses chaussures de tille, jusqu’à la Tatare en caftan et en pantalon, le corsage chamarré de clinquant, coiffée d’une calotte garnie de piécettes d’or, à demi masquée par un grand voile de soie, — jusqu’à la Courlandaise chaussée de sandales de cuir, portant la couronne ronde en laiton garnie de perles ; depuis le Tcherkesse en long habit ajusté de laine rude, vastes manches retroussées, plusieurs rangs d’étuis à cartouches sur la poitrine, la bourka de feutre à l’épaule et chargé d’armes de toute sorte, jusqu’au Russe