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L’armée française avait à traverser, dans sa retraite, successivement la Katzbach, le Bober et le Queiss. Soixante-douze heures de pluies continuelles avaient fait déborder toutes les rivières et emporté à peu près tous les ponts.

Le 3e corps et la cavalerie de Sébastiani avaient repassé assez facilement la Katzbach à Kroitsch. Ils se retirèrent en faisant bonne contenance, offrirent le 30, au passage du Bober à Bunzlau quelque résistance aux troupes qui les poursuivaient, et se retirèrent sans se désorganiser sur le Queiss. Lauriston écrivait, le 2 septembre, à l’Empereur : « Le 3e corps est encore sain et vigoureux en hommes et en choses. »

Mais les autres corps ne franchirent point aussi facilement les obstacles naturels que leur opposaient les lignes successives des torrens débordés. Le 11e corps, celui de Macdonald, qui avait supporté le principal effort de la journée du 26, en était sorti dans le plus grand désordre. Le 5e corps, celui de Lauriston, qui avait lutté avec succès, le 26, contre le corps de Langeron, commença sa retraite, dans la nuit du 26 au 27, avec assez de régularité. Les deux corps, le 11e et le 5e, franchirent la Katzbach à Goldberg. Entre la Katzbach et le Bober, le 5e corps encore assez intact tenta d’arrêter à Pilgramsdorf, le 27, la poursuite de Langeron. Il n’y réussit pas, perdit son artillerie embourbée et s’y désorganisa entièrement. Les débris du 11e et du 5e corps purent cependant franchir le Bober à Lowenberg, et poursuivre leur retraite. Mais les hommes qui en masse avaient quitté leur corps, les détachemens isolés qui s’étaient égarés, tous ceux qui n’étaient point venus, à la première heure, chercher les seuls passages demeurés libres, errèrent à l’aventure, emprisonnés entre les rivières infranchissables, cherchant un passage qu’ils ne trouvaient plus, et tombèrent successivement aux mains de l’ennemi. Ce fut le sort de la malheureuse division Puthod, que Napoléon avait prescrit à Macdonald de détacher au loin sur sa droite et qui fut prise tout entière.

Ces journées désastreuses coûtèrent à l’armée de Macdonald plus de 30000 hommes. Les épreuves matérielles, plus encore que l’échec du 26, y portèrent la démoralisation à son comble. Dès le 27 août, à deux heures de l’après-midi, Macdonald écrivait de Goldberg au major général : « Le général Lauriston vient d’être informé qu’un seul régiment de hussards a suffi pour faire débander 14 bataillons. Le soldat est dégoûté par les marches et