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II. — LA CRISE DE L’ARMÉE DE SILÉSIE. GOLDBERG

Depuis que l’armistice avait été signé, c’est-à-dire depuis le début du mois de juin, l’armée française et l’armée des alliés, qu’elle avait refoulée durant la campagne de printemps jusqu’au fond de la Silésie, étaient séparées par une large zone de neutralité qui coupait en deux la Silésie et comprenait Breslau.

L’armée de Blücher se trouvait sur l’emplacement même qu’avait occupé, après la retraite qui suivit Bautzen, l’armée coalisée des Russes et des Prussiens. Blücher n’avait pas attendu le terme de l’armistice pour engager les hostilités. Il prit prétexte de quelques excursions de fourrageurs français et, sans aucun scrupule, poussa ses corps d’armée à travers le territoire neutralisé. Lorsque les officiers russes de l’armée de Blücher déclarèrent ce procédé équivoque et indigne, lorsque les commissaires des puissances alliées eux-mêmes lui firent des représentations et insistèrent pour qu’il revînt en arrière, il parut prendre ce rappel au droit des gens comme une offense personnelle et répondit au commissaire prussien Krusemark que « l’ère des bouffonneries et des notes diplomatiques était close et qu’il n’avait pas besoin de notes pour battre la mesure. » De fait, alors que l’armistice expirait le 17 août, Blücher avait commencé ses mouvemens dès le 14, et, le 17, avant l’expiration de l’armistice, il avait franchi le terrain neutre. L’armée de Silésie était tout entière sur la Katzbach qui en marquait la limite du côté des Français. Napoléon ne cherchait point à s’étendre. Il avait prescrit, le 15 avril, à Ney de réunir ses troupes au camp de Bunzlau.

Les Français se retirèrent donc devant l’agression inopinée de Blücher, et celui-ci, poussant sa pointe, porta ses corps d’armée en avant de la Katzbach dans les journées du 18, du 19 et du 20. Dès le 18, les Français commencèrent à faire sentir leur résistance. La journée du 19 fut marquée par des combats violens et meurtriers. Le corps de Sacken, qui formait la droite de Blücher perdit, le 19, 68 officiers et 1 573 hommes à Kreibau et à Kaiserswalde. Il ne put occuper ce jour-là Bunzlau, où il n’entra que le 20. Le corps prussien de York, qui marchait au centre, se heurta, le 19, au corps de Ney à Graditzberg. Le 20, son avant-garde soutint un combat à Plagwitz. Elle s’arrêta le même jour