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de la vie, lorsqu’ils distinguaient d’une part la vie collective, vie de l’ensemble : vita communis et, d’autre part, la vie de chaque partie, vita propria. De même, nous devrons distinguer la mort générale, qui est la dissolution de l’individualité formée par la collectivité cellulaire, et la mort élémentaire qui détruit les cellules isolées.

Parmi les désordres qu’entraîne la dissolution mortelle de l’organisme, ceux qui nous frappent le plus sont ceux qui atteignent les fonctions supérieures, la sensibilité, le mouvement volontaire, l’intelligence. Quand elles sont perdues, il semble que la vie soit perdue. Nous disons d’un homme dont le cerveau est atteint qu’il ne vit plus, qu’il végète. — Cette sorte d’activité végétative ne saurait se maintenir indéfiniment. Par une série de ressauts dus à l’agencement solidaire des parties, l’atteinte matérielle portée au cerveau se répercute sur les autres organes et vient, en fin de compte, suspendre la vie élémentaire dans chaque élément anatomique. — Alors seulement la mort générale est consommée.

Quant à la mort élémentaire, elle peut être directe, c’est-à-dire résulter de l’action d’un poison général du protoplasma introduit dans le sang. Elle peut être indirecte, c’est-à-dire succéder à quelque atteinte brutale portée primitivement à un appareil essentiel, au cœur ou au poumon et répercutée sur l’atmosphère cellulaire. Le milieu de chaque cellule est troublé, ses opérations chimiques sont faussées, la nécrobiose se montre sous quelqu’une de ses formes habituelles, la cellule meurt. Mais la mort élémentaire peut être l’effet d’une altération plus lente du milieu ou des cellules elles-mêmes. Elle prend alors le nom de sénescence. Les expériences récentes de Lœb, de Calkins, et toutes les observations similaires tendent à attribuer à ce phénomène du vieillissement le caractère d’un accident remédiable. Mais le remède n’est pas trouvé, et l’animal succombe finalement à ces lentes transformations de ses élémens anatomiques : on dit alors qu’il meurt de vieillesse.

M. Metchnikoff a proposé une théorie du mécanisme de cette sénescence générale. Les élémens du tissu conjonctif, phagocytes, macrophages, qui existent partout autour des élémens anatomiques spécialisés et plus nobles, les détruiraient et dévoreraient ces derniers, dès que leur vitalité fléchit. Ils prendraient leur place. Dans le cerveau, par exemple, ce seraient les