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protistes qui se reproduisent par division simple et égale. Si l’on remarque que ces organismes rudimentaires, dotés de pérennité, sont les premières formes vivantes qui ont dû se montrer à la surface du globe et qu’elles ont sans doute précédé de beaucoup les autres, les polycellulaires, soumis, au contraire, à la caducité, la conclusion saute aux yeux : la vie a longtemps existé sans la mort. La mort a été un phénomène d’adaptation apparu au cours des âges, par suite de l’évolution des espèces.


On peut se demander à quel moment de l’histoire du globe, à quelle période de l’évolution des faunes, cette nouveauté, la mort, a fait son apparition. Les célèbres expériences de Maupas sur la sénescence des infusoires semblent autoriser une réponse précise à cette question. En se fondant sur elles, on peut dire que la mort a dû apparaître de conserve avec la reproduction sexuelle. La mort est devenue possible lorsque ce procédé de génération s’est établi, non pas dans toute sa plénitude, mais dans ses plus humbles commencemens, sous les formes rudimentaires de la division inégale et de la conjugaison. Et cela est advenu lorsque les infusoires ont commencé à peupler les eaux.

Les infusoires sont, en effet, capables de se multiplier par division simple. Il est vrai de dire qu’à côté de cette ressource, la seule qui nous intéresse ici parce que c’est la seule qui confère l’immortalité, ils en possèdent une autre. Ils présentent et exercent, dans certaines circonstances, un second mode de reproduction, la conjugaison caryogamique. — C’est un procédé assez compliqué dans son détail, mais qui, en définitive, se résume dans l’appariement temporaire de deux individus, d’ailleurs très semblables et qui ne sauraient être distingués en mâle et femelle. Ceux-ci se soudent intimement par une de leurs faces, échangent réciproquement un demi-noyau qui passe dans l’individu conjoint, puis se séparent. — Mais on peut empêcher les infusoires de se conjoindre ainsi en les isolant régulièrement aussitôt après leur naissance. Alors, ils s’accroissent, et ils sont contraints, après un certain temps, de se diviser suivant le premier mode.

M. Maupas a démontré que les infusoires ne pouvaient pas s’accommoder indéfiniment de ce régime et se diviser éternellement. Après un certain nombre de divisions, ils présentent des signes de dégénérescence et de caducité évidente. La taille