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finement pulvérisées, quoique souvent, par suite de leur séjour dans la mer, certaines portions, par un phénomène de modification chimique auquel on a donné le nom de diagenèse et qui consiste surtout en une peroxydation du fer, soient partiellement transformées en un produit de décomposition de couleur rouge, mal déterminé et mal déterminable à cause de sa composition assez vague, et nommé palagonite.

Les verres volcaniques, non moins aisés à reconnaître pour quiconque les a vus une fois, sont bulleux ou compacts comme du verre à bouteilles. Le Challenger en a trouvé des fragmens gros comme des noix dont le noyau seul était resté vitreux tandis que la périphérie était transformée en palagonite. La plupart de ceux des Açores, — et il est à supposer que, partout dans l’Océan, ils montrent ce même caractère, — sont de couleur verdâtre clair, compacts, ressemblant à du verre à bouteilles pilé et lavé, extrêmement fin, les fragmens n’ayant guère plus de un à deux dixièmes de millimètre. On les imite en pulvérisant et en lavant du verre commun de couleur très foncée ou, mieux, des fragmens d’obsidienne provenant du Mexique ou de Lipari.

Pour m’expliquer leur genèse et les reproduire par synthèse, j’ai fondu de ces verres ou de ces obsidiennes dans un creuset et j’ai versé dans de l’eau froide la matière devenue fluide. J’ai provoqué ce qu’on appelle en langage technique un « étonnement » de la matière. J’ai obtenu ainsi un résidu de fragmens anguleux très fins ou arrondis, véritables larmes bataviques microscopiques dont un très léger choc ou un écrasement provoquait la rupture en éclats excessivement ténus et tellement ressemblans aux minéraux analogues trouvés dans les fonds marins qu’on se ferait fort d’en mélanger une notable proportion dans un échantillon véritable et de mettre au défi de deviner la supercherie et de soupçonner l’addition de ces grains artificiels.

Le dernier produit volcanique caractéristique est la ponce de couleur grise, à structure fluidale bien prononcée, composée de faisceaux filiformes allongés. Si, dans les régions volcaniques, les fonds en sont en certaines places, — autour des Açores, par exemple, — abondamment pourvus, il n’est pas rare d’en trouver des fragmens parfois assez gros sur le sol, très loin de toute région volcanique. J’en ai recueilli en 1895, à bord du Caudan,