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La remarque trouve son application en géologie descriptive. Supposons en outre que, dans un sondage, on observe contre le fond un relèvement de la température de l’eau par rapport aux températures régulièrement décroissantes de haut en bas suivant la verticale de ce sondage et, pour plus de sûreté, que l’on reconnaisse que cette température de l’eau immédiatement sus-jacente au fond est supérieure à la température du fond lui-même. On sera alors en présence d’un courant volcanique. Celui-ci sera très probablement non permanent, c’est-à-dire temporaire. En d’autres termes, il est douteux que, en sondant à la même place, après un certain temps, on retrouve la même température de l’eau. Si l’on peut exécuter sans plus tarder cette recherche, en continuant les sondages thermométriques contre le fond et en comparant entre eux les résultats pointés sur la carte, on sera infailliblement amené à la localité-origine en se dirigeant du côté vers lequel l’eau sera plus chaude de même qu’on retrouve la source d’un fleuve en remontant son courant. Le procédé permettra donc de découvrir la position précise d’un centre d’activité volcanique sous-marin. Il importerait aussi de constater et, si possible, de doser l’acidité de l’eau elle-même, très probablement chargée d’acide carbonique.

Il se peut aussi que l’on soit mis sur la voie de la découverte des centres sous-marins d’éruption par l’examen des sédimens volcaniques. Ceux-ci ne sont pas disséminés sur le fond tout entier, comme le pensent certains océanographes qui sont d’avis que les poussières volcaniques décomposées au sein des eaux constituent à elles seules l’élément minéral essentiel de toutes les vases abyssales. Ces sédimens sont au contraire répartis par places et très reconnaissables. Grâce à la bienveillance du prince de Monaco, j’ai eu le loisir d’examiner environ 200 échantillons de fonds recueillis par lui principalement dans les parages volcaniques des Açores, des Canaries et des îles du Cap Vert, et j’ai constaté combien leurs caractères généraux étaient uniformes. Outre le calcaire d’origine organique, débris de foraminifères ou autres, constituant l’élément principal des vases profondes, ils sont composés surtout de grains de basalte, de feldspath, d’amphibole, d’olivine, de pyroxène et de magnétite, ainsi que de minéraux amorphes, scories volcaniques, verres volcaniques bulleux ou compacts et, enfin, débris de ponce. Ces minéraux sont caractéristiques et, pour ce motif, il convient de donner