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regrettable dans la situation où nous sommes. A la vérité, on ne voit pas bien ce que la Chambre aurait pu faire d’utile si elle avait siégé pendant tout le mois dernier : le budget n’était pas prêt à être discuté, et c’est à peine s’il le sera huit jours après la rentrée. On attend encore le rapport général de M. Berteaux. Il est fait sans doute, puisque les journaux le commentent, mais la Chambre ne le connaît pas encore. Nous souhaitons vivement que la discussion du budget ne soit pas retardée davantage, car tous les jours perdus portent atteinte à son futur équilibre. En effet, quoiqu’on ne cesse pas de répéter qu’il n’y a pas d’impôts nouveaux, il y en a puisqu’il y a des recettes nouvelles prévues dans le futur budget, et qu’elles ne viennent pas du simple accroissement de la richesse publique. En conséquence, chaque douzième provisoire diminue d’un douzième les augmentations de recettes sur lesquelles on avait cru pouvoir compter. Or, il. a déjà deux douzièmes votés, pour les mois de janvier et de février, et tout fait craindre qu’on ne s’en tienne pas là. Ce serait merveille si le budget était voté le 28 février ! Cependant la chose n’est pas impossible, pour peu que le « bloc » consente à opérer comme nous l’avons vu faire quelquefois, c’est-à-dire sans regarder autour de lui et sans parler. La majorité ministérielle est si bien disciplinée que, sachant d’avance comment elle doit voter, elle ne prend plus la peine de discuter. Le mot d’ordre préalablement donné rend tout débat inutile. C’est la nouvelle façon de comprendre le gouvernement parlementaire : elle est sans doute fort mauvaise en général, mais elle peut avoir quelques avantages en ce qui concerne le budget, au moins dans les circonstances présentes, la tendance de la Chambre étant d’augmenter les dépenses au moyen d’amendemens dispendieux, et de diminuer les recettes, ou de les rendre aléatoires au moyen de prétendues réformes. Escamoter la discussion est donc aujourd’hui un moindre mal, et si la majorité s’y prête, ce n’est pas nous qui nous en plaindrons : elle se rendra justice à elle-même.

On aurait tort, toutefois, de trop compter sur le budget pour la fin de février : il faudrait pour cela une rapidité de mouvemens dont le « bloc » lui-même n’est pas susceptible. Il le sera peut-être lorsqu’il s’agira des congrégations religieuses. L’œuvre à accomplir étant plus simple, se présentera à l’esprit de l’assemblée dans des conditions plus rudimentaires. A la façon dont le gouvernement a engagé l’affaire, la question posée se réduit à savoir si on autorisera un tout petit nombre de congrégations, ou si on les dissoudra toutes. Il est probable que cette question sera traitée sans délai, car plusieurs interpellations