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ce que, sous leur apparence de rigueur érudite, elles ont jusqu’ici d’incertain et de flottant.

Trois indications l’y aideront peut-être, que je formulerai de la manière suivante :

1° Il y a une littérature « européenne, » dont les littératures « nationales » ne sont que les manifestations particulières ;

2° Ces manifestations particulières, continues en apparence, sont en réalité « successives » ou « alternatives ; » et chacune de ces « littératures nationales » prend à son tour, dans des conditions assez difficiles à définir, l’hégémonie de la « littérature européenne ; »

3° L’une de ces conditions semble être la rencontre ou la coïncidence de ce que leur génie propre a de plus « national » avec les exigences qui sont, à un moment donné, les exigences actuelles de l’esprit « européen. »

Il ne me reste, en terminant, qu’à remercier encore une fois M. G. Huszär, de m’avoir procuré l’occasion d’exprimer ces idées. J’ai dit quels étaient les défauts, mais aussi les qualités de son livre. Je ne voudrais pas, en le critiquant, en avoir méconnu la valeur, qui est grande. Il ne tiendra qu’à son auteur, dans une prochaine édition, et sans rien modifier à son plan, de faire de ces trois cents pages l’étude à la fois la plus précise et la plus complète qu’on ait encore écrite sur les rapports du théâtre de Corneille avec le théâtre espagnol... Je n’oserais, après cela, décider s’il sera, pour les Espagnols et pour nous, plus flatteur ou plus humiliant de la devoir à un Hongrois.


FERDINAND BRUNETIERE.