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lanciers ennemis. Faut-il citer quelques exemples[1]. A Austerlitz, les uhlans du grand-duc sont culbutés par nos dragons et perdent 400 hommes avec leur général comte Essen. A Essling, les uhlans de Liechtenstein sont battus par les chasseurs de Marulaz.

Le 8 octobre 1805, à Lembach, un escadron du 3e dragons, se heurte au régiment de uhlans de Mersfeld, soutenu par les hussards de Liechtenstein ; tout est mis en déroute par ce seul escadron.

Le 6 mai 1809, le 2e chasseurs attaque à Blindenmarkt le régiment de uhlans autrichien « archiduc Charles, » le culbute et le poursuit une lieue et demie. Le chemin, dit le témoin oculaire Baudin de Réville, était jonché de leurs lances.

Mais une légende sur les lanciers polonais a fait croire à la puissance de leurs armes. Elle se réduit à ceci :

Dès 1796, il existait dans notre armée un corps étranger : la légion polonaise, passée ensuite à la solde de l’Italie, sous le nom de Polacco Italiane. Elle fut de nouveau prise à notre service en 1808, comme régiment de lanciers de la Vistule. Seuls, ces cavaliers portèrent la lance jusqu’en 1811, sans que leur exemple ait paru assez probant pour déterminer l’adoption de cette arme. Il est donc inexact de répéter que la lance est l’arme nationale des Polonais.

Lors de la formation, en 1809, de l’armée du Grand-Duché, les corps de cavalerie nouveaux comprenaient trois régimens de chasseurs et trois de lanciers. Le régiment de jeunes gens nobles de Varsovie, qui se constitua pour servir d’escorte d’honneur à l’Empereur, portait le costume devenu célèbre, bleu à bande rouge et la shapska, mais pas la lance. Il n’en avait pas quand il s’illustra, le 28 novembre 1808, à Somo-Sierra.

C’est sans lances encore qu’à Wagram, ce régiment devenu chevau-légers, à la suite de la garde, culbuta le régiment de uhlans autrichiens O’Reilly, qui, eux, avaient des lances et qui, d’après Niegolowski, les jetèrent pour prendre leurs sabres au moment de charger.

Dans ses « avant-postes de cavalerie légère » le général de Brack écrit : « Les lanciers serrés ne peuvent ni parer, ni pointer, et de deux choses l’une : ou ils jetteront leurs lances pour prendre

  1. Revue de Cavalerie.