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études ecclésiastiques ; il se destinait alors à la prêtrise ; mais il s’est aperçu à temps qu’il n’en avait pas la vocation et est rentré dans la vie laïque. Il est docteur ès lettres et docteur en médecine. On le regarde, au Sénat, comme un homme très laborieux, un orateur disert, et un homme de relations courtoises. Son élection récente à la présidence du groupe de l’Union démocratique l’avait mis en vue : c’est par là sans doute qu’il été désigné à l’attention de M. le Président de la République. Néanmoins, nous le répétons, ce choix a étonné. Que M. Combes fût ministre, cela semblait normal ; mais président du Conseil, c’était lui imposer un lourd fardeau. Il est vrai que le parti radical n’est pas riche en hommes de premier plan. La victoire électorale, à supposer, ce dont nous nous permettons de douter, que la sienne ait été aussi grande qu’il le prétend, lui a donné le nombre, mais non pas la qualité. Il y a des partis nombreux, où il n’y a personne. Dans le parti radical, il y a bien M. Brisson ; mais il est indisponible. Il y a bien aussi M. Bourgeois ; mais il a été élu président de la Chambre. Alors, qui ? Après avoir consulté tous les points de l’horizon, M. Loubet n’a aperçu que M. Combes, et, en vérité, pour faire un ministère purement radical, nous ne savons pas où il aurait pu trouver mieux. Les autres partis ont des hommes de mérite ou de talent en abondance ; le parti libéral en a même en surabondance ; le parti socialiste en a quelques-uns ; la droite en compte plusieurs, qui sont naturellement inutilisables : le parti radical est certainement le moins bien partagé sous ce rapport. Otez MM. Bourgeois et Brisson, on en vient tout de suite à M. Combes.

Son court passage dans un ministère n’a d’ailleurs pas suffi pour permettre de le juger complètement. Ses amis et ses adversaires l’attendent à l’œuvre, car il y a, dans tous les sens du mot, beaucoup d’inconnu en lui. Nul ne peut dire s’il sera à la hauteur de sa besogne : mais ce qu’on peut assurer, c’est que cette besogne n’aura, ni pour but, ni pour conséquence de ramener l’apaisement que nous faisait espérer M. le Président de la République, et dont nous avons un si grand besoin. Ce n’est pas, en effet, sans motif qu’on a fait entrer dans le ministère la plupart des hommes qui, ont pris, dans les deux Chambres, une part importante à la défense de la loi sur les associations. M. Combes lui-même était président de la commission sénatoriale de cette loi. M. Vallé en a été rapporteur au Sénat. M. Trouillot l’avait déjà été à la Chambre des députés, et on se rappelle quelle passion il a apportée dans le débat. On peut donc être sûr que la loi sera appliquée dans toute sa rigueur. La déclaration ministérielle, qui a été