Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/916

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a de certain, c’est que Montreuil, qui est aujourd’hui une petite ville tout à fait champêtre, a vu le flot de marée baigner ses murailles ; qu’au XIIIe siècle, c’était une ville forte et commerçante ; qu’elle faisait partie de cette fameuse ligue hanséatique dont Hambourg et Londres étaient les principaux comptoirs ; qu’elle commerçait avec tous les ports de l’étranger, et qu’on a pu avec raison l’appeler « Montreuil-sur-Mer. » Mais il est cependant plus probable que Quentovicus occupait un emplacement très voisin d’Etaples, si ce n’était pas Etaples même. On a trouvé en effet, sur le sol même de son vieux château, qui a été rasé par les Anglais à la suite de leurs victoires de Crécy et d’Azincourt, de nombreuses ruines et des débris incontestables de l’époque gallo-romaine. On a fait des découvertes de même nature, à trois kilomètres à peine au Nord-Ouest de la ville, au petit village de Rombly, qui a été enseveli sous le sable des dunes vers le XVe siècle ; et les archéologues croient pouvoir affirmer que, sous l’empereur Gallien, Quentovicus possédait un atelier monétaire assez bien outillé pour avoir subsisté sous les rois francs des deux premières races. On sait d’ailleurs que Quentovicus était la résidence d’un intendant chargé de présider au commerce ; qu’on s’y réunissait pour des foires annuelles ; et qu’une division de la flotte romaine, commandée par un préfet maritime, stationnait dans la baie. Pendant plusieurs siècles, le port de Quentowic est mentionné comme étant sur la voie la plus directe pour se rendre en Angleterre. Vers la fin du IXe siècle, le nom de Quentovicus disparaît et fait place à celui d’Etaples, qui n’est que la transformation de ad stabulum, ville d’échange, foire, marché, stabula, stapula, Etaples.

La situation maritime commerciale et même administrative était donc assez importante aux premiers siècles de notre ère, et elle paraît s’être assez bien maintenue pendant tout le moyen âge. Car on sait aussi d’une manière certaine que le port y abritait, en 1193, la flotte de Philippe-Auguste, et qu’en 1340, une douzaine de bateaux de guerre y mirent à la voile pour aller renforcer la flotte qui devait être anéantie à la célèbre bataille de l’Ecluse. La décadence est aujourd’hui complète et, on peut le craindre même, irrémédiable.

Etaples est situé sur la rive droite de la baie de la Canche, à peu près à égale distance, — six kilomètres environ, — de la pointe de Lourmel et du petit hameau d’Enoch jusqu’où peuvent