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« Laissons donc le Printemps fleurir la terre douce.
Ne te hasarde plus vers ce qui te repousse.
Bon Cyclope ! Reprends en bas ton œuvre obscur ;
Le four ronfle ; la cuve est pleine et bout. L’azur
Du ciel est souriant, là-haut, aux blés que dore
Ce soleil qui pour toi n’aura pas eu d’aurore.
Retourne à ta caverne et rentre dans ta nuit ;
Descends vers la rumeur et descends vers le bruit,
Et ne t’occupe plus de l’homme et de la terre.
Sue et peine et, parfois, pourtant, pour te distraire,
Songe que ton Destin, noir Ouvrier, est beau.
O Forgeron, tu as pour sceptre le marteau !
Ta couronne terrestre est un Etna qui fume ;
Et, lorsque à tour de bras tu frappes sur l’enclume,
Pense donc que tu fais aussi, toi, comme un dieu,
Naître des fleurs de flamme et des roses de feu. »


HENRI DE REGNIER.