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POÉSIES


FUNÉRAILLES


Oh ! quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule !
VICTOR HUGO.

Le bûcher, dressé là pour ce nouvel Hercule,
Emplit l’horizon rouge et le ciel empourpré ;
Et la nuit s’illumine et tout entière brûle
A l’ardente splendeur de ce couchant sacré.

Au brasier fraternel où se tordent ensemble
Le laurier odorant et le chêne fumeux,
Une foule sans cris se hâte et se rassemble
Afin d’en emporter le reflet en ses yeux ;

Et quelques-uns, penchés sur la flamme féconde,
Y viennent allumer leur torche et leur flambeau,
Pour éclairer encor les ténèbres du monde
Quand le bûcher noirci ne sera qu’un tombeau.

Et c’est ainsi qu’ayant emprunté l’étincelle
A l’énorme incendie en sa gloire écroulé
Ils s’en repasseront la clarté mutuelle,
Et l’une brillera quand l’autre aura brûlé,