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l’expansion germanique vers le Levant. Et pourtant, leur attitude est entièrement différente à l’égard du germanisme. La Hongrie possède assez d’assurance pour réagir ; elle développe, à l’encontre de l’œuvre pangermanique, sa tradition nationale et magyarise impitoyablement les Allemands du royaume ; elle s’efforce à défendre son indépendance économique et veut faire sentir, dans la Triple Alliance, la valeur de son concours. La Roumanie, au contraire, est timide et sa docilité se prête à toutes les concessions, trop heureuse d’une modeste place au foyer des Puissances centrales. Elle livre sans résistance sa vie économique à l’influence allemande et sa vie nationale au contrôle exclusif d’une cour germanisante. Resserrée dans la suite des siècles par la race magyare, la race roumaine semble faite pour adhérer à tout système qui lui assure une garantie d’existence contre ses anciens oppresseurs hongrois et l’espoir d’être préservée d’une pression trop violente dans l’étau redouté du slavisme. Vis-à-vis du germanisme, la Hongrie réussit à être un associé qui discute et défend ses points de vue ; la Roumanie ne représente guère qu’un instrument commode, dont l’Allemagne dispose à son gré, afin de se réserver une issue certaine vers la Mer-Noire par le chemin de la Galicie et amener, eu cas de besoin, à résipiscence le Hongrois récalcitrant.