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n’étaient précis que lorsqu’elles n’avaient rien découvert. Lorsqu’elles avaient reçu des coups de feu, les rapports devenaient diffus, incohérens et ne servaient à rien.

Le 15 décembre, à Colenso, la cavalerie chargée de reconnaître le front de l’ennemi ne put pas le faire. Les patrouilles s’avançaient jusqu’à la limite de portée efficace du fusil boer, puis côtoyaient la zone dangereuse, sans pouvoir y pénétrer. L’attaque dut être entamée par l’infanterie, sans aucun renseignement préalable.

Cette faillite de la cavalerie aux espérances fondées sur elle pour le service d’exploration, fut si absolue que les troupes cessèrent de faire reposer leur sécurité sur cette arme.

Après les affaires de Elands-Laagte et Nicholson’s-Neck, le commandement supérieur s’abstint de détacher en avant du front des élémens de découverte.

La cavalerie est également impuissante à percer, par le combat à l’arme blanche, les rideaux dont s’entoure l’adversaire. Son mode essentiel d’action est devenu le combat à pied. Elle le mène avec ses carabines, ses mitrailleuses, et son canon, comme le ferait l’infanterie. La cavalerie anglaise est tellement convaincue de cette nécessité qu’elle a quitté ses carabines et ses lances pour prendre le fusil d’infanterie. Elle s’habille comme celle-ci et la seule différence réside dans le port de l’éperon à la chevalière sur le brodequin du fantassin.

L’artillerie tient à combiner les effets de pièces très puissantes avec ceux de l’artillerie légère à tir rapide. Elle cherche à établir ses batteries sur un grand front, tout en faisant converger leur tir sur un but unique, de manière à le battre en même temps de front et d’écharpe.

Les résultats obtenus avec les gros projectiles chargés de lyddite ont été faibles. Leurs effets sur des tirailleurs abrités derrière des rochers ou dans des tranchées profondes ont été nuls. On l’a constaté à Paardeberg, où, pendant huit jours et huit nuits, 98 pièces de calibres divers bombardèrent à moins de 2 500 mètres le camp de Kronje, quadrilatère qui n’avait pas 1 000 mètres de côté, et ne mirent hors de combat qu’environ 100 hommes sur un effectif total de 4140.

L’effet démoralisant produit par les détonations si violentes de la lyddite a vite disparu, en raison de la faible efficacité de ce tir. On a vu des Boers renversés par le souffle d’un projectile