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les assauts du temps de paix. Au même instant, nous commençâmes le feu.

« D’abord il fut désordonné, bientôt remis dans de justes limites, à la voix de quelques vieux Burghers : « Du calme, jeunes gens, il n’en arrivera pas un seul. » La ligne s’avance plus épaisse. Mais, arrivée à 80 pas environ, son élan se brise. Les uns se jettent à terre entre les pierres et tirent ; les autres font demi-tour et regagnent les couverts des buissons, d’où on ne pourra plus les faire sortir.

« Le bataillon était détruit en tant qu’unité de combat. Ses pertes, autant qu’on en peut juger, étaient grandes ; mais les hommes restés couchés empêchaient de compter les morts. »

C’est par la marche rampante de petites fractions qui progressent jusqu’à quelques mètres de l’adversaire que les Boers arrivent à forcer des positions défendues par un effectif supérieur au leur ; jamais avec des attaques de vive force.

Mais les actions de flanc sont plus sûres et d’un effet plus prompt.

La cavalerie et l’infanterie montée y trouvent leur emploi.

La cavalerie est restée l’arme des rapides mouvemens enveloppans, des poursuites et des arrière-gardes. Son importance n’a fait que grandir, mais son mode d’action s’est complètement transformé.

Le temps des grandes charges est passé. Il l’était déjà en 1870. Celles qui furent tentées à cette époque, aussi bien du côté allemand que du côté français, n’aboutirent qu’à d’inutiles hécatombes. Aucune troupe de cavalerie, même d’un faible effectif, ne peut plus paraître à rangs serrés dans la zone d’action du canon, et à plus forte raison du fusil. Le service de reconnaissance, arrêté à grande distance par la longue portée des armes et la rapidité d’un tir dont l’origine ne se voit pas, ne peut plus faire connaître que les points où l’ennemi n’a pas été rencontré à une heure donnée.

Ce fait évident ne fut pas admis tout d’abord. Au début de la campagne, de petits groupes de cavalerie furent lancés à la découverte. Les Boers les voyaient approcher de loin, les manœuvraient par une amorce volante de quelques hommes, les attiraient sous leur feu, et leur coupaient la retraite. Il fut aussi constaté que les renseignemens rapportés par les patrouilles