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sont leurs emplacemens qui fixent les distances et les intervalles entre ces groupes.

Derrière ces positions abritées s’écoule dans l’inaction la phase du War cloud.

Le général commandant en profite pour examiner le terrain, il mande auprès de lui ses chefs de corps et donne ses ordres. Pendant ce temps, l’artillerie des troupes montées, restée à 1 000 ou 1 500 mètres en arrière d’elles, répond au tir ennemi. C’est un combat entre 2 500 et 3 500 mètres, en général sans résultat. Une partie des batteries va prendre position plus près des troupes, quelquefois sur leur ligne même, derrière l’une des crêtes qui lui sert d’abri. Ces batteries resteront généralement dans cette position pendant toute l’affaire, contrebattant les canons de la défense et essayant de réduire au silence ses canons automatiques.

Les autres batteries vont accompagner les troupes montées, qui ont reçu l’ordre d’attaquer, accompagnées par les sections volantes de Wickers Maxim et les sections de Galloping Maxim (mitrailleuses attelées à 4 chevaux). Elles se détachent vers l’aile où elles doivent agir, ouvrent le feu dès qu’elles se trouvent vers l’extrémité de la ligne.

C’est pendant le mouvement en avant du premier groupe, ou le mouvement latéral du second, que l’artillerie de la défense avait en général le plus d’efficacité. Plusieurs fois les chefs des batteries anglaises ont cru avoir réduit au silence les batteries boers, tandis que celles-ci ne faisaient que réserver leur tir. La réouverture de leur feu, avec un tir réglé dès le premier coup, alors que les batteries anglaises avaient parfois à parcourir de 1 000 à 1 500 mètres, était une épreuve critique. Néanmoins, cet espace dangereux était toujours franchi avec entrain. Les coups au but n’atteignaient qu’un point de la colonne et les fractions indemnes continuaient leur course, entraînant, dans la masse des chevaux et du matériel, tout ce qui pouvait hésiter.

Ces colonnes eussent été vraisemblablement arrêtées, si les Boers avaient disposé d’une véritable artillerie à tir rapide.

« L’artillerie anglaise, sur le champ de bataille, a écrit un officier français, témoin oculaire, était l’arme qui donnait le mieux l’illusion du terrain de manœuvres et l’impression du mépris du danger. Sous le feu des canons de position, des canons de campagne ou des mitrailleuses, j’ai vu les batteries servies