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par l’expression awaiting shell (attendant l’obus) est devenue par la suite la formation préparatoire de combat.

Dans la cavalerie et dans l’infanterie montée, les hommes, toujours sur un rang, mais en général par pelotons ou demi-pelotons, se tenaient à 4 ou 5 mètres les uns des autres. Cet intervalle, tout en diminuant la vulnérabilité du groupe, permettait aux chevaux de brouter à l’aise sans perdre de temps dans tous les arrêts. Les groupes divisionnaires de l’artillerie marchaient avec leurs trois batteries en bataille, chacune d’elles suivie de trois caissons.

Pendant toute la marche, les différentes colonnes étaient reliées par la télégraphie optique. Les héliographes s’installaient rapidement sur les hauteurs, et le soir, dès l’arrêt, ils étaient remplacés par la télégraphie de campagne.

Le changement de tactique va découler de ce dispositif.

En suivant le développement du combat, depuis la prise de contact jusqu’à la fin de l’engagement, on va pouvoir en distinguer les modifications.

Dès cette époque, le haut commandement ne comptait plus guère sur les renseignemens que la cavalerie et l’infanterie montée pouvaient lui fournir, en dehors du combat lui-même. Ces troupes, qui marchaient à une demi-journée de l’armée avec de l’artillerie à cheval et des sections volantes de Wickers Maxims (poms poms), avaient un rôle de combat plutôt qu’une mission de découverte. Leur mobilité devait leur permettre de tourner les résistances, si elles ne parvenaient pas à les briser immédiatement. En un mot, elles reconnaissaient par le combat à pied. Souvent, l’action de quelques fractions à de grands intervalles suffisait pour dégager le terrain. Si elle n’était pas suffisante, le résultat s’obtenait par l’arrivée du gros des forces. C’était un sursis de douze ou dix-huit heures que les Boers utilisaient fréquemment pour battre en retraite.

Le tableau classique des préliminaires de la bataille, c’est-à-dire la prise de contact des patrouilles, l’engagement progressif des avant-gardes, etc., n’a jamais été vu.

La défense se présentait généralement sous la forme d’une ligne de tirailleurs plus ou moins sinueuse, tenue par des groupes de douze à vingt hommes largement espacés, et ayant entre eux des intervalles qui atteignaient parfois plusieurs centaines de mètres. Ces tirailleurs étaient absolument invisibles, et leur