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Au centre, les 2e et 6e brigades se comportent de la même manière. Le 2e bataillon West-Surrey et le 2e Devonshire sont en première ligne. Les autres troupes forment des soutiens et des réserves. Le front de combat a 900 mètres et la profondeur est de 1 500 à 2 000. Cet espace est ainsi parsemé de groupes compacts, qui, tantôt visibles, tantôt cachés, attirent le feu dès qu’ils sont en vue.

Ces attaques avancent jusqu’à 900 mètres des Boers et ne peuvent aller plus loin. L’artillerie s’est portée en avant, pour appuyer de près l’infanterie. Deux batteries conduites par le colonel Long veulent s’établir à 900 ou 1000 mètres de l’ennemi. En peu de temps, elles sont détruites. Le colonel Long est tué ; les attelages et les servans sont frappés. Sur douze pièces, dix sont abandonnées. Sur six compagnies envoyées pour les sauver, quatre sont forcées de reculer ; deux, avec le colonel Bullock, ne peuvent que s’abriter dans un plissement de terrain, où se sont déjà réfugiés les servans. A la fin de la journée, n’ayant pas pu en sortir, en raison de la fusillade, elles se rendent. A onze heures du matin, la droite et le centre sont en retraite. L’aile gauche y était depuis dix heures. Les troupes, qui ont beaucoup souffert, l’exécutent dans un ordre parfait, par échelons, comme à la manœuvre, ce qui augmente encore leurs pertes. Les Irish et les Scots de la brigade Barton s’y distinguèrent. Les pertes dépassent 1 300 hommes et 10 pièces, et les Boers n’ont eu qu’une trentaine d’hommes atteints.

Le 15 décembre 1899, à Maggersfontein, c’est pis encore. Lord Methuen fait exécuter à ses troupes une opération de nuit. C’est l’élite de l’armée anglaise, la garde et les Écossais qui, cette fois, vont donner.

A la célèbre Black-Watch a été réservé l’honneur d’attaquer la première. Elle se forme en colonne par compagnies en ligne déployée à six pas, comme au camp de Salisbury-Plain, et c’est dans cet ordre qu’elle arrive à 800 mètres des Boers ; puis, trouvant plus loin des réseaux de fil de fer, elle les franchit sans modifier sa formation. Le jour va se lever. Elle s’avance encore de 200 mètres sur un terrain uni et découvert, sans prendre d’autres dispositions, pour mieux garder la troupe en main, comme le recommande le règlement. Les patrouilles boers avaient cependant éventé l’attaque et la côtoyaient en rampant. Il est 4 h. 30. Le général Vanchope, qui commande la tête, est