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C’est pour ce motif que le maréchal Bugeaud organisait son système d’embuscades, qui permettait de transformer à temps la ligne d’avant-postes en ligne de combat.

Les avant-postes, attaqués en force à trois heures et demie du matin, furent naturellement refoulés par le général Lucas Meyer, qui disposait de 3 500 hommes et 5 canons de campagne à tir accéléré.

Les Boers établirent aussitôt leur artillerie et ouvrirent le feu sur le camp à 4 500 mètres. La surprise y fut complète. Lorsque les obus éclatèrent au milieu des tentes, les soldats venaient de passer la revue habituelle et s’occupaient aux corvées et à la préparation du repas du matin. Sous cette canonnade, les troupes firent preuve du plus grand sang-froid. Elles s’équipèrent, prirent les armes et se formèrent. L’artillerie se mit aussitôt en batterie.

Cet exemple ne suffit-il pas à prouver aux plus incrédules la remarquable solidité des troupes du début de la campagne ? La suite de l’affaire achève de la montrer.

L’action commença et se déroula d’après les principes réglementaires. Combat d’artillerie, 3 batteries groupées à droite contre les 5 pièces boers, action des 3 bataillons au centre, un bataillon en réserve. La cavalerie, à gauche, doit agir sur le flanc. Après une heure et demie de canonnade, le général Symons lance ses trois bataillons à l’attaque. Le 2e bataillon des Royal Dublin-fusiliers débouche le premier. Il a formé une forte chaîne de tirailleurs, suivie à 200 mètres par des soutiens et plus en arrière par une réserve. Les deux autres bataillons (un bataillon des Kings Royal-Rifles et un des Royal Irish-fusiliers) progressent dans le même ordre et se portent à hauteur des Dublin-fusiliers. L’artillerie ne tarde pas à appuyer l’infanterie et se porte en avant avec elle.

Les troupes se comportent avec la plus remarquable bravoure et chassent l’ennemi des hauteurs. Mais elles n’ont eu affaire qu’à un rideau. Les Boers sont toujours au contact, et un de leurs corps manœuvre pour contre-attaquer. Le général Symons vient d’être mortellement blessé. Le général Yule prend le commandement. Pendant ce temps, la cavalerie, l’infanterie montée et les mitrailleuses, sous les ordres du lieutenant-colonel Maller, qui devaient agir sur le flanc droit de l’ennemi, avaient été entourées par les tirailleurs Boers et prises ; sauf deux escadrons du