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souciance, leur échappait. Aussi, dès la fin de 1900, la plupart des rapports ont-ils annoncé la fin prochaine de cette guerre. Elle s’est prolongée au-delà de toute prévision, justifiant ainsi la parole de Krüger : « La résistance des Boers étonnera le monde. »


II

En 1899, sous la direction de sir Mansfeld Clarke, actuellement quartier-maître général de l’armée, des grandes manœuvres avaient lieu au camp d’instruction de Salisbury-Plain. Elles précédaient seulement de quelques jours le départ de certaines troupes. Des généraux d’une valeur universellement reconnue assistaient à ces manœuvres.

On put y constater que les méthodes de combat étaient, à peu de chose près, celles en usage dans la plupart des armées européennes, avec un particularisme peut-être plus accentué de la cavalerie et de l’artillerie. Celle-ci avait une tendance à opérer en forts groupes soudés entre eux. La cavalerie manœuvrait en masses. Les attaques de nuit étaient en faveur. Les régimens avaient le plus bel aspect ; le matériel était d’une exceptionnelle qualité.

Quelques jours après, à Talana-Hill, le 20 octobre 1899, les procédés de combat en usage subissaient l’épreuve du champ de bataille. Le général Symons, disposant de quatre bataillons d’infanterie, trois batteries, un régiment de cavalerie et une partie de la police du Natal, 4 500 hommes environ, avait établi son camp à l’ouest et près de la petite ville de Dundee. A 4 500 mètres, à portée de canon au nord-est, se trouve une ligne de hauteurs, Talana-Hill, Impati-Mount, dont la ville est séparée par un ravin (donga) assez profond. Le général Symons se couvrait dans la direction de l’ennemi par des avant-postes placés sur ces hauteurs. Les mouvemens des Boers qui débouchaient dans le Natal étaient connus dès le 14. Glencoe avait été évacué le 18. Cependant, dans la nuit du 19 au 20, aucune disposition spéciale n’était prise, en vue de l’arrivée imminente de l’adversaire.

Les troupes campées, ainsi couvertes à près de 5 kilomètres, se croyaient en sûreté. Elles ne tenaient pas compte de ce fait qu’une ligne d’avant-postes, quoique bien placée, est surprise toutes les fois qu’elle est attaquée dans sa formation de sûreté.