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de surprises et d’attaques, qui durait hier encore et leur a valu des succès.

Dans l’attaque aussi bien que dans la défense, les Boers n’ont pas employé d’autre méthode que celle de l’affaire d’Amajuba-Hill, c’est-à-dire le déploiement d’une certaine quantité de groupes de fusils, sans soutiens ni réserves, occupant les saillans avec de larges intervalles. Lorsque, par exception, des renforts étaient envoyés, ils prolongeaient à droite et à gauche la ligne de feu déjà déployée. Pour parer aux attaques de flanc, ils dégarnissaient une partie du front, et des fractions se portaient rapidement à l’aile menacée. De tels mouvemens ne sont possibles que grâce aux chevaux maintenus par petits groupes près des tireurs.

Dans les arrêts prolongés, les chevaux sont entravés « à la rime, » mode spécial qui leur permet de se mouvoir lentement et de paître. La tête est réunie à un des membres antérieurs par une longe attachée assez court au-dessus du genou. Si, pour une raison quelconque, telle qu’une alerte, les chevaux doivent être rapidement réunis, un cavalier, monté sur le premier animal rencontré, les rassemble en galopant de plus en plus près autour d’eux et les amène ensuite où il faut en les poussant devant lui.

Pendant le combat, les Boers se contentent de laisser traîner la bride sur le sol, comme notre cavalerie arabe ; le cheval ne bouge plus, et son maître le retrouve où il l’a laissé.

Depuis le commencement des opérations jusqu’au 2 juin 1900, date à laquelle, dans un conseil tenu à Macnadodorp, le gouvernement des deux Républiques décida, par la voix de M. Reitz, secrétaire d’Etat, que la guerre devait prendre le caractère d’une guerre de partisans, les Boers se sont presque toujours bornés à défendre des positions. Quelques rares attaques, cependant heureuses, ne les avaient pas encore déterminés a l’offensive. Leur défensive se servait surtout de tranchées, creusées soit à flanc de coteau, soit au pied des pentes, et occupées par leurs meilleurs tireurs. Les crêtes, généralement parsemées de blocs de rochers donnant de bons abris, n’étaient tenues que par quelques fusils tirant de la poudre noire produisant de la fumée afin d’attirer l’attention et le feu de l’adversaire. Lorsque les Anglais, marchant sur ce but bien visible, s’étaient suffisamment rapprochés des tranchées basses, celles-ci entraient brusquement en action et faisaient subir en quelques instans de lourdes pertes. Même à petite distance, ces tranchées étaient invisibles. Lorsque,