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en usage. Action préparatoire de l’artillerie, engagement de la cavalerie sur l’aile, attaque de front de l’infanterie, charge à la baïonnette : toutes les phases du règlement. Le résultat fut déplorable. En quelques secondes, la cavalerie, après avoir eu 17 hommes tués ou blessés, 32 chevaux atteints, avait dû s’éloigner. Le 58e, qui s’était conduit avec la plus grande bravoure, et était arrivé jusqu’à 30 mètres des Boers, avait dû se replier, ayant perdu 7 officiers et 76 hommes tués, 2 officiers et 111 hommes blessés.

Le 8 février 1881, à Schain-Hoogte, nouvel échec : le général Colley perd 5 officiers, 66 hommes tués et 136 blessés. Enfin, le 27 février, avait lieu l’affaire célèbre d’Amajuba-Hill, que les Anglais ont encore à cœur. Elle leur a, en effet, coûté le Transvaal, en mettant fin à cette première guerre.

Ce combat était très important par lui-même, car il révélait chez les Boers des procédés d’attaque spéciaux. Les Anglais, n’en ayant tenu aucun compte à cette époque, ont subi de ce fait, en 1899-1900, des échecs répétés. Quelques détails le feront ressortir.

Le col de Laings-nek, où passe le chemin de fer de New-Castle à Volkspruit, était gardé par les Boers, qui avaient négligé d’occuper la hauteur d’Amajuba-Hill, située à 3 ou 4 kilomètres dans l’Ouest et dominant le pays. Le général Colley, profitant de cette faute, portait, dans la nuit du 26 au 27 février, sur le petit plateau du sommet, trois compagnies du 58e, une du 60e, trois du 92e et 64 marins, gardant, comme repli, une compagnie du 92e et 140 hommes. Après de pénibles efforts, les troupes atteignirent le plateau, mais, au lieu d’en tenir les pentes, elles s’installèrent sur un piton qui dominait le camp des Boers, convaincues que ceux-ci abandonneraient leur position dès qu’ils verraient les hauteurs occupées.

Ce fut le contraire qui arriva. Les Boers, apercevant les Anglais sur le sommet, se résolurent aussitôt à les attaquer. 150 volontaires commencèrent à gravir les pentes par les côtés les plus raides, en se défilant au milieu des broussailles et des rochers. Un second détachement d’hommes plus âgés, tous excellens tireurs, suivait à une certaine distance, faisant feu sur tout ce qui se montrait sur le bord du plateau. Un troisième détachement en avait fait le tour et l’attaquait à revers. Pendant ce temps, les deux premiers s’avançaient par échelons, l’un appuyant de son feu le bond exécuté par l’autre.

Dès que les Anglais se découvraient sur la crête, ils étaient