Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/726

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui les avaient précédées depuis le commencement du siècle, on y reconnaît une période relativement heureuse de l’histoire d’Espagne, où ce noble pays a retrouvé toute l’estime dont il n’avait pas cessé d’être digne. Il n’y a pas grand mérite à éprouver un sentiment aussi général : toutefois, on nous permettra de dire que la France y a été particulièrement sensible. Lorsque le souvenir de nos anciens démêlés avec l’Espagne revient à la mémoire, ils semblent prodigieusement lointains, tant les choses et les hommes ont changé. Nous respectons profondément l’indépendance de l’Espagne ; nous nous intéressons à sa sécurité ; étant ses seuls voisins en Europe, nous remplissons tous les devoirs de cette situation. La reine Christine a bien voulu le reconnaître. Le dernier acte de sa régence a été d’envoyer à M. le Président de la République les insignes de la Toison d’or. Cette attention s’adressait à la France, et nous en avons été très touchés.

Alphonse XIII rencontrera bien des difficultés : il en a dès maintenant dans son ministère, qui vient de subir, après plusieurs autres, une crise assez grave, et il en aura sans doute bien davantage dans le long règne que nous lui souhaitons. Mais sa mère lui a laissé un grand exemple. La durée de la régence a permis de créer en Espagne toute une tradition politique. Le roi y restera fidèle : c’est assurément ce qu’il peut faire de mieux.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.