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Les
origines de l’Odyssée

II[1]

NAUSIKAA



I

Ulysse a quitté l’île de Kalypso. Il revient vers son Ithaque. D’Espagne, il rentre dans les mers grecques. Assis au gaillard d’arrière, il tient le gouvernail de son radeau et, pour suivre le droit chemin, pour ne pas dériver vers les mers septentrionales des Baléares et de la Sardaigne, il veille en méditant les conseils de la Nymphe : « Tu garderas toujours, lui disait-elle au moment des adieux, le Nord sur ta gauche. » C’est bien la manœuvre qui convient pour rentrer sûrement des mers espagnoles dans les mers helléniques. À droite, les côtes africaines servent de garde-fou ; mais à gauche, s’ouvre la perfide immensité des mers de France et d’Italie. Dix-sept jours, le héros navigue ainsi, sans que la bonace l’arrête. Le dix-huitième matin, il aperçoit les rives de Phéacie.

L’île de Corfou passait chez les Anciens pour le royaume d’Alkinoos. Déjà parmi les contemporains de Thucydide, cette opinion faisait loi. Par l’étude des noms de lieu, d’abord, puis

  1. Voyez la Revue du 15 mai.