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était bonne : « On dit que non, » répondit ce gentleman, qui, bien qu’habitant Londres depuis cinquante ans, n’avait pas d’opinion personnelle sur la question.

L’eau de rivière est donc admise ou plutôt tolérée sans grand’peine, bien que, d’après des analyses officielles, la quantité totale de matières organiques contenues dans l’eau de la Tamise, telle qu’on la distribue, reste en moyenne de 2mgr,8 par litre, avec des maxima allant jusqu’à 6 milligrammes. Les eaux de la Lea, meilleures, contiennent en moyenne par litre 2mgr,3 de matières organiques ; le maximum ne dépasse pas 4mgr,4.

La pollution du fleuve est inquiétante ; elle ne semble pas diminuer, bien que Londres ait, depuis plus d’un demi-siècle, le bénéfice d’une mesure désirable partout, que Paris et beaucoup d’autres villes réclament depuis 1878 avec insistance et qui est indispensable dans tous les cas où l’on boit l’eau de rivière. Dans un périmètre étendu, les communes situées en amont des prises d’alimentation de Londres sont tenues d’épurer leurs eaux usées avant de les rejeter dans le fleuve. Et l’on tient énergiquement la main à l’observation de cette sage mesure.

Mais c’est ici qu’apparaît le vice inhérent au système. La température des eaux de rivière, filtrées ou brutes, varie naturellement suivant les saisons. Aux périodes de grandes chaleurs, la température de ces eaux reste si élevée que, pour qui ne dispose pas de glace ou d’autres moyens pour la rafraîchir, elle est difficilement buvable. Alors qu’en décembre ou en janvier, l’eau délivrée à Londres ne marque que 3°, 8 centigrades au-dessus de zéro, c’est-à-dire est glaciale, sa température monte souvent en juillet à 22 et 23 degrés centigrades au-dessus de zéro et se maintient, de mai à septembre, entre 14°,5 et 17°, 2 centigrades.

La température de l’eau de source délivrée à Paris se maintient, en toutes saisons, entre 12°, 5 centigrades au-dessus de zéro : c’est ce qui la rend si agréable au palais, et cette fraîcheur constante fait qu’elle se corrompt malaisément.

En dehors de l’inconvénient que nous venons de relever, il y a à reprocher au service des eaux de Londres son irrégularité. Les infortunés habitans des quartiers de l’Est de la métropole anglaise se voient, en été, dès que la consommation augmente notablement, privés de toute distribution d’eau, parfois pendant plusieurs jours de suite. Ces interruptions d’alimentation ont fait