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publier le texte de leur traité. Il a répondu affirmativement. Ce n’est, a-t-il dit, que dans des cas exceptionnels que cette publication pourrait avoir lieu, et, au surplus, il en est de même en ce qui concerne le traité franco-russe. Cette discrétion ne nous étonne pas. Sans doute notre curiosité prendrait un vif intérêt à la lecture du traité, mais elle ne serait complètement satisfaite que si on nous livrait en même temps toutes les conventions annexes, et c’est ce qu’il est impossible de faire. Aussi prenons-nous aisément notre parti de la réserve des gouvernemens alliés. Le prince de Bismarck, en 1888, a publié le texte du traité conclu neuf ans auparavant par l’Allemagne et l’Autriche, et qui peut-être n’a pas été depuis bien profondément remanié. Cette révélation ne nous a pas appris grand’chose, et on n’a même pas très bien compris pour quel motif le chancelier allemand avait jugé à propos de la faire. Nous nous en tenons pour le moment à l’affirmation du comte Goluchowski, à savoir que l’alliance austro-allemande sera renouvelée telle quelle. Elle nous suffit.

En ce qui concerne le renouvellement des traités de commerce, le comte Goluchowski a exprimé l’espoir que les dix-huit mois à courir avant leur expiration seraient mis à profit d’une manière utile. Les traités seront renouvelés ; cela ne fait à nos yeux l’objet d’aucun doute ; mais la tâche sera très laborieuse, les deux gouvernemens devant rencontrer en eux-mêmes plus de difficultés encore que chez l’autre contractant. On connaît de reste celles que les prétentions des agrariens suscitent à M. de Bulow : après avoir fait preuve de souplesse et de complaisance, il doit maintenant faire preuve d’énergie pour les surmonter. L’œuvre ne réussira, dit de son côté le ministre austro-hongrois, que « si les différens États avec lesquels nous sommes en relations y apportent assez de modération pour que, sans sacrifier leurs intérêts vitaux, ils rendent la conciliation possible. » Mais il ajoute que, d’autre part, « un accord complet est nécessaire entre les deux parties de la monarchie austro-hongroise pour agir en face de l’étranger comme une nation unie et compacte, et par conséquent forte. » Cet accord n’existe pas encore. On l’établira sans doute et la négociation aboutira. Les traités seront renouvelés. Toutefois, le comte Goluchowski a tenu à ce sujet un langage assez différent de celui qu’il tenait l’année dernière. Il avait établi alors une distinction essentielle et profonde entre les traités commerciaux et les traités politiques, affirmant la supériorité des seconds sur les premiers, et leur absolue indépendance à leur égard. Il semblait, à l’entendre, que les intérêts politiques des grands États avaient quelque chose d’abstrait