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moyens révolutionnaires, et par là j’entends non seulement les séditions et les violences auxquelles certains esprits ne se décident jamais, mais aussi le dénigrement, l’exagération des griefs et l’amoindrissement des réparations, la critique pour déconsidérer et non pour redresser, et toutes ces mille manœuvres subalternes, à l’usage, dans tous les temps, de ceux qu’animent des hostilités implacables. (Très bien ! très bien ! ) Je suis convaincu que, si la bonne cause, en Europe et en France, a subi tant d’échecs, c’est par suite de cette habitude fatale de toujours discuter révolutionnairement. (Assentiment sur un grand nombre de bancs.) Il en résulte ceci : si le gouvernement l’emporte, sa victoire le laisse irrité, enclin à tomber dans l’arbitraire. Si le gouvernement succombe, les vainqueurs ne pouvant gouverner avec les moyens dont ils se sont servis pour vaincre, sont obligés de se contredire, d’appeler à leur aide les mauvais expédiens pour masquer leur faiblesse ; pour retarder, à peine d’un instant, leur chute, qui malheureusement devient aussi celle de la liberté. (Très bien ! très bien ! )

« A l’égard du gouvernement, mon vote, vous le comprenez sans peine, après mes critiques, ne peut pas être un vote de satisfaction entière. Je n’ai pas une autorité suffisante pour dire que c’est un vote d’encouragement : je me bornerai à dire que c’est un vote d’espérance. Si l’Empereur n’est pas entraîné par ses paroles, par ses actes antérieurs, est-il possible qu’il reste longtemps insensible à ce que lui conseille sa propre tradition ? Ah ! je comprends très bien que les contempteurs de Napoléon Ier prétendent que l’Acte additionnel n’était que la ruse d’un tyran aux abois ; que les conversations de Sainte-Hélène ne sont que les hypocrisies d’un vaincu qui, après avoir échoué dans le présent, essaye de séduire et de tromper l’histoire. Mais ceux qui sont les héritiers de son nom ne peuvent pas penser ainsi. Pour eux, l’Acte additionnel doit être la pensée organique du grand homme, tout ce qui a précédé n’étant considéré que pomme une concession faite aux nécessités passagères de la guerre. Or, l’Acte additionnel contient toutes les garanties que nous réclamons, et, comme l’a dit l’honorable M. Thiers, c’est la meilleure Constitution que la France ait obtenue dans la longue série de ses révolutions. (M. Thiers : C’est vrai ! )

« Je veux donc espérer. Si je me trompe ; si la défiance qui perd l’emporte sur la confiance qui sauve ; si nous avons encore