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sur lesquels se partagent les coups. Il est seul : lui mort, c’est la débandade ; il est la cible des bandits de la brousse. Sans bruit, les officiers russes et anglais parcourent le monde, comme vient de le faire en Abyssinie Welby, capitaine d’une armée qui n’a pas pléthore d’officiers. De ceux qui reviennent, on parle à peine ; ceux qui meurent sont oubliés, mais leur œuvre reste. Le premier travail est de faire des cartes pour montrer le chemin aux Français qui suivent. Tout officier est topographe, et les cartes de France, d’Algérie, etc., ont prouvé leur compétence en la matière. Par atavisme, nous sommes curieux du travail sous toutes ses formes. Les uns ont couru derrière la charrue paternelle, les autres ont joué sous le grand va-et-vient des courroies de l’usine. L’École polytechnique absorbe bien des intelligences, qui font des canons au lieu de faire des locomotives. L’esprit ouvert à toutes les branches de production, le courage pour braver les dangers, la discipline qui plie l’esprit à ne faire ni plus ni moins que l’ordre donné, que peut-on demander de plus à ces voyageurs de la France ? Celle-ci trouve dans son armée cette réserve d’énergies latentes nécessaires pour la rude époque où l’on se battra, sans emploi en temps de paix. Qu’elle disperse de par le monde ses right men pour seconder l’action de ses consuls, et il sera peut-être permis de croire à la plus grande France !


MARTIN-DECAEN.