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ajoute-t-elle assez sagement, d’aider la nature par des modifications peu sensibles et intelligentes aux sourcils, aux cheveux, aux oreilles, aux lèvres, conformément à l’esprit du rôle et aux principes de l’anatomie de la tête, détails que ne doit pas ignorer une bonne actrice.

A la suite de ce résumé historique, nous choisirons, pour les exposer, divers renseignemens applicables aux personnages que nous voyons actuellement s’agiter sur les planches. Quelques règles générales sont du ressort du simple bon sens. L’acteur, ce mot étant pris dans son acception la plus large, peut user d’un maquillage d’autant plus grossier qu’il reste moins longtemps en scène et se démène moins ; mais qu’il soigne sa peinture s’il prend part à une action prolongée. Peu importe à un clown ou même à une ballerine de quitter au bout de quelques minutes soit la piste, soit la scène, la face ruisselante d’une bouillie multicolore mêlée à la sueur ; mais un comédien qui joue dans les cinq actes d’une pièce, un ténor qui chante à plusieurs reprises de longs morceaux, doivent se grimer avec beaucoup de soin. En outre l’entreprise se simplifie beaucoup s’il s’agit d’un homme ou d’une femme encore jeunes ; elle se complique pour les vieux comédiens, et pour les personnes trop brunes, quel que soit leur âge.

Chaque artiste dramatique s’applique lui-même son fard, sans recourir à l’aide d’un coiffeur spécialiste, en se guidant sur une routine bien vite acquise, paraît-il. Et même chez les Allemands, gens plus méthodiques que les Français, l’art de se grimer au théâtre comporte une petite littérature technique, très nourrie, de laquelle nous extrairons la plupart des détails qui termineront cet article[1].

Autrefois, et les Mémoires de Mlle Clairon le confirment pour le XVIIIe siècle, les comédiens se servaient de fards en poudre : maintenant ils ne recourent plus qu’aux fards gras, de sorte qu’à l’art du pastelliste a succédé celui du peintre à l’huile, plus parfait en ce qui concerne la transition de la peinture à la peau et précieux surtout pour dissimuler les petites rides et les légères imperfections de l’épiderme.

L’épaisseur de la couche à appliquer, les nuances de noir, brun, gris, rouge clair ou foncé, jaune et blanc, les transitions

  1. Die Maske des Schauspielers, von Fr. Altmann. Drille Auflage, neu bearbeilet von Ludwig Menzel. Berlin, Bloch.