relever, à Dublin, des chantiers de construction maritime depuis longtemps abandonnés, l’on voit se développer des industries d’art comme celles que réclament la construction et la décoration des nouvelles églises ; l’enseignement technique s’organise un peu partout, et, depuis une dizaine d’années, sur l’intelligente initiative du vice-président actuel du Département de l’Agriculture, M. Horace Plunkett, le sol entier de l’Ile Verte s’est recouvert d’associations coopératives agricoles, syndicats de vente et d’achat, banques populaires, témoignages prospères d’un grand mouvement d’initiative locale et de self help. — Autre point de vue. L’empire des modes anglaises coûte cher à l’Irlande, qui paie bon an mal an un tribut de vingt millions de livres sterling à l’Angleterre pour les articles qu’elle lui achète et que, les trois quarts du temps, elle pourrait aussi bien fabriquer chez elle. Or, voici que la renaissance gaélique a déclaré la guerre aux produits anglais, pour le plus grand bénéfice non seulement du consommateur, qui s’affranchit du joug de l’imitation britannique, mais du producteur, dont s’élève le chiffre d’affaires, et de l’ouvrier, à qui l’on offre d’autant plus de travail : de toutes parts se recrutent les bonnes volontés pour cette œuvre nouvelle de propagande par le fait, acheteurs, industriels, gaelic leaguers, gens de lettres même, comme M. George Moore, qu’on a pu voir un jour entrer dans un magasin de la rue la plus élégante de Dublin, Grafton street, pour y demander tel article de fabrication irlandaise, puis, s’entendant répondre que l’article en question n’est jamais demandé par les « classes respectables, » celles-ci ne le voulant qu’anglais, répliquer avec feu au chef de la maison tout ébahi : « Oh ! Damn the respectable classes ! Elles sont la honte de l’Irlande. » Les commerçans eux-mêmes commencent d’ailleurs à s’apercevoir qu’il est de leur intérêt de gagner la clientèle « gaélique, » et, pour ne pas rester en arrière, ils viennent d’organiser entre eux une association pour favoriser la vente des articles irlandais par tous moyens, surtout par le moyen d’une publicité bien entendue : il n’est pas un client, disent-ils assez drôlement dans leur manifeste, qui voudrait s’avouer influencé par les procédés actuels de la réclame, et pourtant, ce qui est sûr, c’est que la réclame réussit !
Tout cela tend à développer l’industrie et en conséquence à améliorer l’état économique de la population des villes en Irlande. Quant aux paysans des campagnes, le mouvement gaélique tend