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Mais il est plus économique encore de recourir au talc ou silicate de magnésie hydraté, bien connu de nos lecteurs ou lectrices, puisque le talc en fragment sert aux tailleurs à indiquer les rectifications de coupe sur les costumes qu’ils essayent et le talc écrasé à saupoudrer l’intérieur des gants neufs. Le talc, grâce à son bas prix, s’utilise encore en vue d’un emploi moins licite et s’incorpore aux savons de mauvaise qualité dont il augmente frauduleusement le poids sans accroître la qualité. Quoi qu’il en soit, il se pulvérise très finement et remplace avec avantage la craie avec laquelle il a été souvent confondu, car même de nos jours on le nomme encore en parfumerie « craie de Briançon. »

Pour augmenter l’éclat de cette poudre, on ne se contente pas de broyer et de tamiser le minéral, mais on le lave à l’acide acétique pour le débarrasser des traces de craie qu’il peut renfermer, on le rince à l’eau et finalement on le sèche sous le nom de « craie de Venise. » Le talc est déjà cité par Porta, savant opticien napolitain de la fin du XVIe siècle, qui s’est amusé à composer tout un traité sur les artifices de toilette. On n’a aucun avantage à préparer le talc artificiellement, mais on a proposé de lui substituer la silice pure réalisée par synthèse chimique.

Nous ne dirons rien sur les sels de baryte (carbonate et sulfate) parce qu’ils ne conviennent que médiocrement, ni sur le blanc de zinc ou oxyde de zinc, quoiqu’il ait bien son mérite. Le « blanc de perles, » à base de bismuth, ne diffère souvent pas d’un remède dont tout le monde connaît l’emploi. Chez les pharmaciens, il est chimiquement pur, mais chez les parfumeurs droguistes (au moins en Autriche, s’il faut en croire Paschkis) il renferme souvent de l’arsenic. La céruse, carbonate de plomb ou blanc de plomb dont la préparation est si anciennement connue, n’a pas toujours été distinguée de la craie dont elle diffère sous bien des rapports cependant : c’est un fard admirable en tant qu’auxiliaire décoratif, mais extrêmement dangereux au point de vue hygiénique.

Il est évident que ces poudres minérales, lorsque la transsudation de la peau les humectera, subiront une épreuve chimique, au sujet de laquelle la science contemporaine pose trois distinctions. Et d’abord la poussière ne peut-elle absolument résister ? Si la substance chimique qui la compose était agglomérée