Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 8.djvu/413

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordinairement. On peut prosaïquement comparer un poil à un oignon : comme pour ce dernier, en dessous de la tige, qui constitue la partie apparente du poil, est un « bulbe » enveloppé dans une poche de l’épiderme nommée « follicule. » Anciens et modernes ont lutté d’ingéniosité pour supprimer l’excès de cette végétation parfois trop indiscrète. Découvrant leurs bras et leurs épaules, les Romains des deux sexes s’épilaient à la pincette, procédé désagréable, radical en apparence seulement, et qui ne mérite pas d’explications, non plus que la méthode de boules de poix appliquées sur la peau qui arrachaient les poils, entraînés par adhésion. Les élégans de Rome se frottaient aussi les bras avec de la pierre ponce.

Tout le monde a lu, dans l’histoire grecque, l’anecdote de Denys le Tyran n’osant confier sa tête à un barbier armé de son rasoir, et obligeant ses filles à remplir cet office en se servant de coques de noix brûlantes qu’elles promenaient sur la figure de leur pore. De nos jours, plus d’une jeune fille, la veille d’un bal, s’est amusée à griller à la flamme d’une bougie les poils de ses bras, trop touffus à son gré. Mais en médecine, comme en parfumerie, on emploie à présent d’autres moyens. Lorsqu’on fait barboter de l’hydrogène sulfuré dans une solution de potasse, de soude, ou dans un lait de chaux, on obtient des combinaisons plus ou moins stables et définies, mais solubles dans l’eau, à base de sulfures alcalins ou calciques. Si l’on trempe dans cette liqueur, souvent trouble, une barbe de plume d’oiseau, des cheveux, des poils, ils sont amollis, désagrégés et finalement se réduisent en bouillie. Tel est le principe des liquides ou pâtes épilatoires, qu’on ne peut composer toutefois avec les réactifs primordiaux purs, ou bien parce qu’ils détruiraient la peau en même temps que les poils, ou bien parce que, avec une moindre causticité, l’effet produit ne serait pas assez rapide. Il faut donc tourner la difficulté.

Elle est résolue depuis longtemps chez les Orientaux, et c’est à leur imitation qu’on use d’un mélange qu’ils nomment rusma et qui est composé de chaux et d’orpiment ou trisulfure jaune d’arsenic. L’arsenic cède de son soufre à la chaux et le sulfure obtenu se combine au reste du sulfure d’arsenic pour former un composé mixte salin : le sulfarsénite de calcium. Nos chimistes modernes ont perfectionné le rusma, ils lui adjoignent soit de l’amidon, soit du blanc d’oeuf, soit de la gomme pour